Signature de l’accord de Marcoussis

Publié le 23 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

Elle aura été longue la nuit du 23 au 24 janvier 2003. Après dix jours d’âpres discussions, les trente-deux délégués ivoiriens réunis à Marcoussis, petite ville située à une trentaine de kilomètres au sud de Paris, entrevoient enfin le bout du tunnel. Il est 1 h 40. Dans l’une des salles du domaine de Bellejame, siège du Centre national de rugby, se joue l’acte final d’un rendez-vous crucial pour la Côte d’Ivoire : la signature d’un accord censé mettre fin à la crise qui secoue le pays depuis la tentative de coup d’État du 19 septembre 2002.

Tous les principaux protagonistes sont là : l’ancien président Henri Konan Bédié, du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Alassane Dramane Ouattara, ex-Premier ministre et dirigeant du Rassemblement des républicains (RDR), Mamadou Koulibaly, le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, secrétaire général du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI), vitrine politique de la rébellion, Francis Wodié, leader du Parti ivoirien des travailleurs (PIT), les rebelles du Mouvement populaire ivoirien du Grand-Ouest (Mpigo) et du Mouvement pour la justice et la paix (MJP) et le Premier ministre Pascal Affi Nguessan, numéro un du Front populaire ivoirien (FPI).
Après la signature, tous les participants, dans un élan spontané, se tiennent par la main et entonnent l’hymne national ivorien, « L’Abidjanaise ». L’instant est assez exceptionnel pour tirer les larmes au français Pierre Mazeaud, qui a présidé les négociations. Il a fallu toute l’autorité et le tact de ce constitutionnaliste reconnu pour que la table ronde de Marcoussis se déroule dans l’apaisement. Tout a été fait pour ne pas perturber les tractations : séances de travail à huis clos strict et déclarations à la presse interdites.
Avec l’accord de Marcoussis, les signataires acceptent la formation d’un gouvernement de réconciliation nationale dirigé par un Premier ministre consensuel, le maintien au pouvoir de Laurent Gbagbo jusqu’au terme de son mandat, en octobre 2005, et l’organisation, à cette échéance, de l’élection présidentielle. Autre aspect fondamental: le toilettage de la Loi fondamentale en vue d’en retirer certaines dispositions telles que les conditions d’éligibilité du président de la République. L’accord prévoit désormais qu’un candidat doit être « exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père ou de mère ivoirien d’origine ». Une avancée significative qui met fin à l’exclusion d’Alassane Dramane Ouattara, considéré par certains comme un étranger. D’autres décrets concernant l’identification des personnes, la révision du code foncier, la simplification des procédures de naturalisation, la suppression de la carte de séjour et le désarmement de toutes les forces en présence sont entérinés… En l’absence de Mamadou Koulibaly, personnage important du camp présidentiel, qui n’a pas souhaité en entendre davantage. Le président de l’Assemblée nationale a claqué la porte avant la signature de l’accord qu’il a qualifié de «coup d’État constitutionnel».

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Mais si les délégués ivoiriens finissent par se mettre d’accord c’est aussi grâce à l’action de représentants de l’Union africaine (UA), de l’Organisation des Nations unies (ONU) et de la communauté catholique italienne de Sant’Egidio. Marcoussis aura représenté une issue sérieuse aux conflits qui agitent le pays. Espoirs déçus. La crise n’est toujours pas réglé aujourd’hui, et la Côte d’Ivoire reste sous haute tension depuis plus de quatre ans et malgré dix-neuf résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.

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