Ciment : les actionnaires approuvent la naissance de Lafarge Africa

Réunis en assemblée générale, les actionnaires de Lafarge Wapco, filiale nigériane cotée du groupe français, ont voté en faveur de l’acquisition de plusieurs actifs du cimentier, dont Lafarge South Africa. La nouvelle entité, Lafarge Africa, affichera une capacité de production de 12 millions de tonnes.

Lafarge Africa affichera une capacité de 12 millions de tonnes. © Lafarge

Lafarge Africa affichera une capacité de 12 millions de tonnes. © Lafarge

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Publié le 11 juillet 2014 Lecture : 1 minute.

Le rendez-vous était fixé le 9 juillet. Un peu plus d’un mois après l’annonce publique de la réunion des activités nigérianes et sud-africaines de Lafarge, les actionnaires de Lafarge Wapco ont approuvé le schéma proposé au cours d’une assemblée générale. Selon ce dernier, la filiale du groupe cimentier français cotée à Lagos va acquérir toutes les entités du groupe au Nigeria et en Afrique du Sud : Lafarge South Africa, Ashaka Cement, Atlas Cement et Unicem. Le prix total est d’environ 1,35 milliard de dollars, financé en cash et en actions.

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Dans la foulée, Lafarge Wapco sera renommé Lafarge Africa. Cette nouvelle entité, détenue à 73% par Lafarge Group, restera cotée sur la place nigériane. Elle affichera un chiffre d’affaires estimé à 1,25 milliard de dollars et une capacité de production d’environ 12 millions de tonnes, dont un peu plus de 8 millions au Nigeria et 3,6 millions en Afrique du Sud. Lafarge Wapco a également précisé qu’en raison des projets de développement en cours, la capacité installée devrait grimper à 17 million de tonnes d’ici à 2017.

Lafarge est le troisième cimentier en Afrique du Sud, affichant en 2013 des revenus de l’ordre de 467 millions de dollars et des bénéfices de 165 millions de dollars. Le groupe est numéro deux au Nigeria, derrière Dangote Cement.

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La réunion des deux entités, avec un centre de pilotage au Nigeria, s’explique à la fois par une volonté du groupe français d’être mieux positionné face à la concurrence mais aussi en raison de la fusion en cours entre le Suisse Holcim et Lafarge. « Le principal intérêt, du point de vue de Lafarge, est de réagir a l’expansion agressive de Dangote en Afrique tout en se renforçant au Nigeria pour faire face a la domination de ce dernier, a souligné Andy Gboka, analyste chez Exotix, interrogé par Jeune Afrique.

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Au-delà de l’aspect opérationnel, cette fusion offre à l’ensemble des entités au Nigeria ainsi qu’en Afrique du Sud de meilleures conditions de financement car Lafarge Africa (surtout grâce au bilan de Wapco) sera une structure suffisamment solide pour lever des fonds afin de financer l’ambitieux plan d’augmentation de capacité (8 millions de tonnes au Nigeria sur les 3-4 prochaines années). »

Cette fusion offre a l’ensemble des entités au Nigeria ainsi qu’en Afrique du Sud de meilleures conditions de financement.
Andy Gboka, Exotix

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Composante importante.

Plusieurs analystes sont restés sceptiques quant à l’intérêt immédiat de l’opération, pointant du doigt le prix de l’opération jugé élevé. « Nous croyons que même s’il y a des actifs intéressants, la question du prix est un véritable enjeu et que quelques uns des actifs acquis vont diluer la valeur actionnariale », a estimé Renaissance Capital.

« Lafarge South Africa a ses avantages spécifiques – particulièrement, sa présence sur un grand marché développé à un moment où ce dernier est en bas de cycle ; une capacité d’endettement significative et un potentiel d’expansion sur des marchés voisins, poursuit la note de la banque d’affaires internationale. Toutefois, nous notons que son acquisition par Lafarge Wapco en fera une composante importante de Lafarge Africa (environ 22% des profits, 60% de la valeur de la transaction), ce qui pourrait écarter l’élément d’attraction fondamental de Wapco : sa présence sur un marché du ciment nigérian de plus en plus attractif et croissant. »

Les prix en Afrique du Sud et les marges sont inférieurs aux niveaux nigérians.

Trop cher

Pour sa part, Exotix a rappelé qu’après avoir été « initialement prudent » vis-à-vis de cette opération, le travail de recherche conduit par ses équipes au cours des dernières semaines a conduit la banque d’investissement à lui être plutôt favorable, « parce que [cette] combinaison d’actifs offre une bonne opportunité pour les investisseurs d’accroître leur exposition à des cimentiers opérant au Nigeria ».

La société, basée à Londres, a toutefois jugé elle aussi le prix proposé pour les actifs sud-africains trop élevé, les multiples de valorisation avancés n’étant pas justifiés, selon ses analystes. « Les prix domestiques (130-150 dollars la tonne) autant que les marges sont inférieurs aux niveaux nigérians ; il n’y a pas de plan clair de développement au Mozambique permettant de soutenir la prévision de croissance à deux chiffres des bénéfices ; la coopération plus importante entre le Nigeria et l’Afrique du Sud dans le domaine des agrégats et des prêts-à-l’emploi ne sont pas évidents à ce jour », a ajouté Exotix dans sa note.

L’opération d’acquisition et la création consécutive de Lafarge Africa sont désormais soumises à l’autorisation des autorités de tutelle de la Bourse du Nigeria. La finalisation est attendue d’ici à la fin de l’année.

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