En meilleure forme

Espérance de vie en hausse, sida sous contrôle, campagne de vaccination le pays se porte mieux. Mais le paludisme demeure préoccupant.

Publié le 23 janvier 2007 Lecture : 3 minutes.

En matière de santé, le Sénégal figure dans la liste des meilleurs élèves africains pour la lutte contre le sida. Seulement 0,8 % de la population est séropositive, soit 44 000 personnes. Il faut dire que dès le début de l’épidémie, le pays a connu une très forte mobilisation, notamment de la part des religieux. « Les imams ont rapidement compris l’importance de prôner le port du préservatif et l’ont dit dans leurs prêches », expliquait en 2001 Awa Marie Coll-Seck, alors ministre de la Santé. Le gouvernement a porté la prévention au rang de ses priorités. Rarement observée dans d’autres pays du continent, cette politique a porté ses fruits et permis de gagner la confiance de partenaires publics et privés.
Mais tout n’est pas rose au pays de la Téranga (« hospitalité », en wolof). Le paludisme, qui représente 35 % des motifs de consultation médicale, est la première cause de mortalité. Il semblerait que la maladie parasitaire n’ait pas fait l’objet de la même campagne de prévention : seuls 15 % des enfants de moins de 5 ans dorment sous une moustiquaire, et seulement 1,67 % d’entre eux sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide, seul moyen réellement efficace d’éviter les piqûres nocturnes. Principale cause de fausses couches et de mortalité infantile, le paludisme est également responsable d’un taux de mortalité infanto-juvénile de 160 pour mille naissances en zone rurale et de 91 pour mille en ville.
Ce désastre sanitaire a non seulement des conséquences humaines, mais aussi économiques. Dans son rapport « Macroéconomie et santé », l’Américain Jeffrey Sachs affirme que la maladie est la cause d’une perte annuelle de 1,3 % du taux de croissance et estime à 20 % la réduction du PNB ainsi provoquée depuis quinze ans. Pour contrer ces méfaits, le Programme national de lutte contre le paludisme a recommandé la modification du traitement de première ligne en 2003 : une première sur le continent. Ce sont les enfants de moins de 5 ans qui paient le plus lourd tribut au paludisme. La mortalité juvénile ne s’améliore pas : elle est passée de 7,7 % en 1997 à 8,4 % en 1999 et enfin à 13,2 % pour les filles et 14,1 % pour les garçons en 2004.
La mauvaise couverture vaccinale a également eu un impact non négligeable sur la mortalité des nourrissons. Lancé en 1979, le Programme élargi de vaccination avait pour objectif d’immuniser 80 % des enfants de moins de 1 an contre la tuberculose, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite, la rougeole et la fièvre jaune. Après de bons résultats au cours des années 1980, une recrudescence des maladies infantiles a été notée à partir de 1995. Et en 2000, seuls 42 % des enfants avaient reçu tous les vaccins cibles avant leur premier anniversaire.
Dès 2000, le programme élargi de vaccination a été relancé avec trois nouveaux objectifs : éradication de la poliomyélite, contrôle de la rougeole et élimination du tétanos maternel et néonatal. De bons résultats sont apparus assez rapidement, en ce qui concerne la rougeole notamment. Malheureusement, les autres pathologies ne bénéficient pas toutes du même traitement. Le programme de vaccination du trio diphtérie-tétanos-coqueluche recommandé par l’Organisation mondiale de la santé ne couvre que 59 % du territoire.
Néanmoins, le Sénégal semble en meilleure forme. L’espérance de vie à la naissance progresse, passant de 48 ans en 1988, à 52 ans en 1998 et à 55 en 2004. Le pourcentage du PIB consacré à la santé est en augmentation constante : de 4,4 % en 2000, il était, en 2003, de 5,1 %. Quant aux dépenses publiques sanitaires, elles représentent désormais près de 10 % des dépenses totales du gouvernement, contre un peu plus de 7 % à la fin des années 1990.
Pour que cet effort continue de porter ses fruits, le pays doit maintenant s’attacher à la décentralisation de son système sanitaire. Même si, en 2001, 58 % de la population vivait à moins de trente minutes d’un établissement de santé, c’est, en effet, à Dakar que le personnel était toujours le plus nombreux et les structures de pointe les plus efficientes.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires