Circulez, il n’y a rien à voir !

Publié le 23 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

Une étrange affaire secoue depuis quelques jours le football africain. Vainqueurs de la Champions League, le 11 novembre, aux dépens des Tunisiens du Club sportif sfaxien, les Égyptiens d’Al-Ahly étaient-ils dopés et ont-ils volé leur trophée ? Aucun joueur cairote n’ayant été contrôlé positif, la rumeur est totalement infondée, jure la Confédération africaine de football (CAF), organisatrice de la compétition. Pourtant, un doute persiste.
Tout commence le 12 janvier, à Paris. Au cours d’une conférence de presse, Joseph Blatter, le président de la Fifa, lance une petite bombe : « Nous venons de découvrir qu’il y aurait deux cas positifs dans l’équipe égyptienne vainqueur de la Ligue des champions africaine. Nous avons demandé des informations à ce sujet, nous devons intervenir. » Stupeur dans la salle. En tant que champions d’Afrique, les joueurs d’Al-Ahly viennent de participer à la très lucrative Coupe du monde des clubs, au Japon, où leur troisième place leur a rapporté plus de 1 million de dollars…
Très vite, en Tunisie, les langues se délient. D’autant que, le 27 décembre, le quotidien populaire Echourouk avait déjà évoqué l’information. « Nous avons été alertés par une source crédible, une semaine après la finale, explique Skander Féki, un des responsables du site Internet des supporteurs (cssfaxien.com). Nous n’avons rien dit parce que nous n’avions pas de preuve matérielle. Par la suite, nous avons appris qu’une contre-expertise du laboratoire de l’Institut de biochimie de l’université des sports de Cologne avait confirmé les résultats du premier contrôle réalisé à Tunis. La déclaration de Blatter a balayé nos derniers doutes »
Des spécialistes du foot africain confirment avoir eu vent de l’affaire avant le 12 janvier. « Al-Ahly a déjà été cité dans des affaires de dopage, analyse l’un d’eux. L’un de ses joueurs, Amr Samaka, a d’ailleurs été suspendu pendant le tournoi [pour consommation de haschich, NDLR]. Et puis, il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec la mort de l’un de ses jeunes, l’international Mohamed Abdel Wahab, au mois d’août [crise cardiaque pendant un entraînement]. Ce club étant le plus puissant d’Afrique, il n’est pas impossible qu’on ait tenté d’étouffer le scandale. En le rendant public, Blatter a-t-il voulu mettre dans l’embarras Issa Hayatou, le grand patron de la CAF, avec lequel il entretient des relations notoirement difficiles ? »
Restent plusieurs questions. La première concerne l’attitude du Club sfaxien. Si tout le monde, ou presque, était au courant, pourquoi ses dirigeants n’ont-ils pas réagi officiellement ? Ont-ils craint d’indisposer les instances confédérales ? Manquaient-ils de relais influents ? Avaient-ils, eux aussi, des choses à se reprocher ? La deuxième tient à la volte-face de la Fifa. Dans une mise au point datée du 17 janvier, celle-ci a en effet tenu à « couper court à la rumeur qui laisse entendre que deux joueurs d’Al-Ahly auraient été déclarés positifs ». « La CAF, poursuit le texte, a fait parvenir à la Fifa un courrier très clair l’informant que tous les contrôles [] s’étaient révélés négatifs. » Nicolas Maingot, du service de presse de la fédération, à Zurich, plaide le malentendu : « Le président Blatter a eu vent d’une information, il a usé du conditionnel en en faisant état, n’a accusé personne, fait procéder aux vérifications nécessaires et a conclu qu’elle ne reposait sur rien. » Possible, mais étrange tout de même.

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