Grand invité de l’économie RFI/JA – Laureen Kouassi-Olsson : « C’est avec la faillite de Lehman Brothers que j’ai réalisé ma condition d’Africaine »

Directrice Afrique de l’Ouest chez le gestionnaire de fonds d’investissement français Amethis, la franco-ivoirienne Laureen Kouassi-Olsson était la Grande Invitée de l’économie RFI-Jeune Afrique vendredi 4 octobre sur RFI, à 12 h 10 heure de Paris, 10 h 10 TU.

DSC_0472 copie © Laureen Kouassi-Olsson (France – Côte d’Ivoire), directrice d’investissement chez Amethis. Elle dirige le bureau d’Afrique de l’Ouest et le département institutions financières. Elle est basée à Abidjan.

DSC_0472 copie © Laureen Kouassi-Olsson (France – Côte d’Ivoire), directrice d’investissement chez Amethis. Elle dirige le bureau d’Afrique de l’Ouest et le département institutions financières. Elle est basée à Abidjan.

Julien_Clemencot

Publié le 4 octobre 2019 Lecture : 3 minutes.

Classée par Choiseul dans les leaders africains de moins de 40 ans, la franco-ivoirienne Laureen Kouassi-Olsson dirige depuis quatre ans le bureau Afrique de l’Ouest du gestionnaire de fonds d’investissement français Amethis. Elle est également responsable de sa stratégie d’investissement dans le secteur financier.

Jeune diplômée de l’école de management de Lyon, elle a débuté sa carrière au sein de la banque Lehman Brothers et a assisté en tant que spectatrice et actrice à son crash retentissant en 2008 lors de la crise des subprimes. Un événement qui l’a poussé vers une finance plus en prise avec l’économie réelle et son continent d’origine.

  • Lehman Brothers
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Au fur et à mesure de l’année 2007 et 2008, plusieurs banques ont fait faillite du fait de la mauvaise gestion et comptabilisation des prêts toxiques. Je le vivais en tant qu’analyste. Nous étions dans une des banques les plus prestigieuses et honnêtement, nous nous sentions inattaquables, trop forts pour couler.

A l’été 2008, une première offre de rachat est faite et Dick Fuld, le PDG de la banque, la refuse car il la juge insuffisante. Trois mois plus tard, l’action valait zéro. Je me souviens des banquiers d’affaires forts, sûr d’eux, les symboles de réussite que j’avais à l’époque, buvant des shots de Tequila car ils avaient compris qu’ils avaient tout perdu. Une bonne partie de leur patrimoine était investie en actions de Lehman. (…)

C’est ce jour que j’ai réalisé ma condition d’Africaine et que je me suis dit qu’il était temps que je me consacre à une finance qui serve le développement du continent africain.

  • Finance

Au cœur de toute politique économique, il y a un secteur financier. C’est lui qui au travers des banques, des compagnies d’assurance, permet de drainer des ressources afin de les rendre productives et de les réinjecter pour en faire des emplois et de la croissance.

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Sans secteur financier fort, il ne peut y avoir de croissance pérenne. Lorsque vous regardez les économies développées, il y a eu au cœur de leur industrialisation un renforcement de leur secteur financier.

  • Fintech

La fintech n’a pas de raison d’être sans services financiers. Lorsqu’on parle de fintech, on parle souvent de mobile money. L’intégralité de ces transactions se passe entre portefeuilles électroniques. Il n’y a pas de dépôt. L’enjeu, c’est d’associer le secteur financier pour transformer cet argent mobile en dépôt et en crédit.

  • Privé
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Le secteur privé ne peut pas tout et son action s’arrête où commence celle des pouvoirs publics. (…) Nous ne pouvons pas jouer sur les politiques économiques et budgétaires, sur les actions que doivent mettre en œuvre les gouvernements, pour que garantir que le développement soit inclusive. (…)

Nous allons faire face à une explosion démographique et nous ne sommes pas prêts. Il est temps que les pouvoirs publics prennent conscience qu’il faut structurer cette croissance pour répondre aux enjeux écologiques, démographiques, politiques et économiques.

  • Réchauffement climatique

Le secteur financier a un effet multiplicateur sur le reste de l’économie. Il en va du rôle des banques africaines par l’intermédiaire des institutions financières de développement qui sont leurs bailleurs de développer des produits verts.

  • Genre

La société africaine est profondément matriarcale. Je dirais qu’aujourd’hui être une femme en Afrique dans le milieu de la finance est plutôt un atout. Lorsque vous rentrez dans un conseil d’administration et que vous êtes la seule femme, qui plus est jeune, les gens écoutent ce que vous avez à dire.

  • FCFA

Le franc CFA offre des perspectives de croissance stable sur le long terme. L’instabilité monétaire est un frein à la consommation des ménages, à l’investissement. (…) Je peux concevoir un consensus pour une émancipation monétaire, un printemps monétaire ouest-africain.

C’est un débat qui ne peut pas être que politique, mais qui doit inclure la société civile et les économistes. Il faut garantir les critères de la stabilisation de cette monnaie. Cette émancipation ne doit pas se faire au détriment de sa pérennité.

  • Politique

Il faut que la classe dirigeante nous écoute. Elle est vieillissante. Elle n’est plus en phase. Quelque soit la personne qui se présente, elle doit être à l’écoute de l’Afrique de demain.

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