[Tribune] Pourquoi la Zleca doit être écoresponsable

Les États africains signataires de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) ne peuvent faire l’économie d’une discussion sur les enjeux environnementaux, cruciaux pour assurer un vrai développement durable.

Les chefs d’État de l’Union africaine lors du lancement officiel de la première phase opérationnelle de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca), le 7 juillet à Niamey. © Twitter officiel de la Présidence du Niger

Les chefs d’État de l’Union africaine lors du lancement officiel de la première phase opérationnelle de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca), le 7 juillet à Niamey. © Twitter officiel de la Présidence du Niger

Yousra Abourabi
  • Yousra Abourabi

    Professeure de science politique à l’Université internationale de Rabat. Elle est l’auteure de l’ouvrage « Maroc », publié dans la collection « Monde arabe / Monde musulman », aux Éditions De Boeck supérieur, en avril 2019 (128 pages).

Publié le 10 octobre 2019 Lecture : 2 minutes.

Les États africains ouverts à la mondialisation des échanges économiques sont depuis longtemps confrontés à d’énormes défis environnementaux : comment les consommateurs peuvent-ils affronter les multinationales de semences OGM ? Comment éviter que les accords de libre-échange ne servent qu’à accélérer l’exportation de matières premières et l’importation de produits manufacturés ? Comment, dès lors, s’assurer que l’ensemble des inégalités observées dans ce cadre entre les pays du continent et les puissances extérieures ne se reproduisent entre grands et petits pays africains au sein d’une telle zone ?

Parce qu’il a été prouvé que des normes strictes pouvaient stimuler l’innovation et la compétitivité, et parce que les effets néfastes du libre-échange sur l’environnement sont démontrés, les signataires de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) ne peuvent se passer d’une discussion sur ces enjeux.

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Trois principaux acteurs

La responsabilité d’ouvrir le débat incombe à trois principaux acteurs. D’abord à l’Union africaine (UA), qui peut pousser les États membres à intégrer cette question dans les négociations multilatérales. Or l’UA peine à mettre en œuvre une stratégie continentale de lutte contre les changements climatiques.

Ensuite aux pays membres, qui peuvent décider d’inclure dans leurs délégations des « négociateurs climatiques ». Or il apparaît que la plupart des pays ne disposent pas de tels spécialistes et n’en forment pas. À la société civile enfin : elle peut plaider, à travers les ONG, les partis politiques ou les médias, pour la prise en compte de cette dimension. Or elle est généralement insuffisamment informée ou sensibilisée à la problématique.

Il existe un juste milieu

Pour autant, faut-il renoncer ? Entre les détracteurs du libre-échange africain – qui parient sur la primauté des intérêts souverainistes – et les partisans de la reproduction des règles du marché mondial des capitaux par le continent au détriment de l’environnement, il existe un juste milieu.

Une réflexion collective est nécessaire pendant que se construit la Zleca. De nombreuses solutions sont discutées dans les sphères internationales : la taxe carbone liée au principe du « pollueur-payeur », la recommandation faite aux États de consacrer un pourcentage budgétaire à l’environnement, le développement ou l’application d’un droit de l’environnement répondant aux exigences de la justice climatique.

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En Afrique, de nombreuses solutions peuvent être envisagées – comme l’affirmait l’ex-président de la BAD Donald Kaberuka – à condition de considérer la protection de l’environnement comme une nécessité du développement durable et non comme une préoccupation de pays développés.

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