Test électoral grandeur nature

Publié le 19 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

A l’issue des sénatoriales du 30 décembre, le poids réel de chaque parti sur l’échiquier politique sera connu. De même que seront jaugées ses capacités de négociation au niveau local et régional. Le Conseil de la nation – nom officiel du Sénat – est la Chambre haute du Parlement algérien. Il est composé de 144 sénateurs, dont deux tiers sont désignés au suffrage indirect, le tiers restant est désigné par le président de la République. Les grands électeurs sont les membres des assemblées populaire communales (APC, mairie) et ceux des assemblées populaires de wilaya (APW, conseils départementaux). Le mandat du Conseil de la nation est de six ans. Toutefois, le renouvellement se fait pour moitié tous les trois ans. Le dernier renouvellement a eu lieu en janvier 2001, soit avant les élections locales de 2002 qui avaient bouleversé les rapports de force au sein des différents courants politiques.

Chez les islamistes, le Mouvement de la réforme nationale (MRN-Islah) avait supplanté le Mouvement de la société pour la paix (MSP, ex-Hamas), tandis que, côté nationaliste, le Rassemblement national démocratique (RND du Premier ministre Ahmed Ouyahia) se faisait damer le pion par un FLN retrouvé. Et ce sont les remous que traverse l’ancien parti unique qui donnent précisément une saveur particulière aux sénatoriales.

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Car depuis la fronde déclenchée par une partie de la base, emmenée par des personnalités proches du président Abdelaziz Bouteflika, lors du VIIIe congrès du FLN, qui s’est tenu les 19 et 20 mars, nul n’est en mesure de donner avec précision le poids des deux camps : les loyalistes, partisans d’Ali Benflis, et les dissidents, acquis à Boutef et organisés en un mouvement de redressement du FLN (voir J.A.I. n° 2240). Les uns et les autres se livrent à une bataille de chiffres et affirment disposer de la majorité des militants, et donc des élus locaux. Soit les grands électeurs du 30 décembre. Dernier scrutin avant la présidentielle d’avril 2004, les sénatoriales apparaissent donc comme un test électoral déterminant.
Autre enjeu des élections du 30 décembre : la présence islamiste au Conseil de la nation. S’agissant du courant politico-religieux, le nombre des futurs sénateurs ne reflétera pas son potentiel électoral réel. Malgré le million de suffrages réunis lors des élections municipales et régionales de 2002, le MRN-Islah ne devrait pas avoir plus de cinq sénateurs. À cela deux raisons : l’émiettement de la classe politique au niveau local et le mode de scrutin. Les grands électeurs ne sont pas tous issus des formations vedettes. Or le suffrage indirect constitue l’unique opportunité pour les petits partis d’exister. Absents dans les institutions nationales, ces derniers saisiront l’occasion des sénatoriales pour marchander leur soutien. Depuis quelques semaines, la vie politique locale est marquée par d’intenses négociations, même dans les communes les plus petites. Et à ce jeu-là, les nationalistes sont plus efficaces que les islamistes.

À la veille du scrutin et à la lumière des grands jeux d’alliances, on peut déjà conclure que la rivalité entre les deux grands partis islamistes n’est pas près de disparaître et, demi-surprise, que le RND décidera de soutenir les candidats redresseurs dans les circonscriptions où il ne peut prétendre à la victoire.

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