Cameroun : scènes de liesse à Yaoundé après la libération de Maurice Kamto

Les militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) ont fêté jusqu’à tard dans la nuit samedi 5 octobre la libération de leur leader, Maurice Kamto.

L’opposant Maurice Kamto, ici le 8 octobre 2018 à Yaoundé, avait été arrêté le lundi 28 janvier. Photo d’illustration. © REUTERS/Zohra Bensemra/File Photo

L’opposant Maurice Kamto, ici le 8 octobre 2018 à Yaoundé, avait été arrêté le lundi 28 janvier. Photo d’illustration. © REUTERS/Zohra Bensemra/File Photo

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 6 octobre 2019 Lecture : 3 minutes.

« Je ne vous trahirai jamais ! » Tels ont été les premiers mots prononcés par l’opposant Maurice Kamto, quelques heures après sa sortie de la prison principale de Kondengui où il avait été incarcéré il y a plus de huit mois.

Face à l’importante foule de militants, sympathisants et curieux entourant son domicile, le challenger du président Paul Biya à la présidentielle de 2018 a saisi l’occasion pour donner un nouveau cap à son engagement politique.

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« Le grand chantier que nous avons devant nous est celui de la lutte pour le respect des droits humains et pour un système électoral fiable (…) Je compte sur vous pour que nous menions ce chantier de manière pacifique », a affirmé Maurice Kamto. Ce dernier n’a en revanche pas évoqué son « plan de résistance pacifique », mouvement qu’il avait initié en décembre 2018 et qui visait à contester les résultats de la dernière présidentielle, à l’issue de laquelle il avait été proclamé deuxième après Paul Biya.

« Les choses ne se passent pas toujours comme on le souhaite »

« Le jour où vous me porterez aux affaires, j’irai diriger le Cameroun. Vous l’avez déjà fait le 7 octobre dernier, mais les choses ne se passent pas toujours comme on le souhaite », s’est-il contenté de dire, au cours de ce rassemblement aux allures de meeting improvisé.

Si certains pensent que le fait d’être libéré c’est la fin de la lutte, alors ils n’ont rien compris

Les intenses négociations qui ont conduit à sa libération ont-elles rendu l’opposant moins virulent ? L’intéressé a fermement démenti : « Si certains pensent que le fait d’être libéré c’est la fin de la lutte, alors ils n’ont rien compris, car nous n’avons rien obtenu de ce que nous demandions », a lancé le leader de l’opposition devant un public en liesse.

Maurice Kamto a regagné son domicile peu de temps après cette allocution, tout comme les 102 autres personnes libérées. Mamadou Mota, précédemment condamné à deux ans de prison pour son implication dans la mutinerie de Kondengui, est en revanche le seul à ne pas avoir été remis en liberté. La bataille politico-judiciaire engagée depuis l’arrestation des militants du MRC n’en restera pas là pour autant, et le plaidoyer pour la libération des autres militants restés en prison a déjà commencé.

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« Mon camarade et ingénieur de son est toujours en prison, donc je ne suis pas totalement content », a affirmé Gaston Abe Abe, dit Valsero, à la fin de l’audience de sa libération. « Nous espérons que le président de la République étendra cette mesure aux autres détenus qui sont en cours de jugement ou qui ont été condamnés dans d’autres juridictions », a pour sa part déclaré l’avocat Emmanuel Simh, indiquant au passage que plusieurs centaines de militants demeuraient détenus dans diverses prisons à travers le pays.

Une décision saluée à l’international

La libération de Maurice Kamto et de ses alliés a été fortement saluée par les acteurs de la communauté internationale. Dans un communiqué signé de son porte-parole, le secrétaire général des Nations Unies s’est dit « encouragé par la décision du président Paul Biya », et a exhorté les autorités camerounaises « à continuer d’adopter d’avantage de mesures de confiance et de réconciliation ».

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À Yaoundé, l’ambassade des États-Unis a félicité cette décision, appelant à « des mesures supplémentaires » à la suite du dialogue national récemment conclu en vue de la restauration de la paix dans les régions anglophones.

Dans une interview accordée le 6 octobre à RFI, le ministre de la Communication a de son côté estimé que les personnes libérées doivent « se remettre sur le droit chemin, et faire de la politique dans le cadre des lois et règlements de la République ». Avant d’ajouter : « Ils doivent cesser de mener des actions insurrectionnelles ici et là, et cesser de contester les choses incontestables ».

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