Sauve-qui-peut chez les fidèles !

Une dizaine de dignitaires de l’ancien régime courent toujours. Pour combien de temps ?

Publié le 19 décembre 2003 Lecture : 3 minutes.

Il fut un temps où l’appartenance au clan al-Majid ouvrait toutes les portes en Irak : son plus illustre représentant, un certain Saddam Hussein, ne faisait confiance qu’aux membres de sa famille élargie – demi-frères, cousins, fils, gendres et alliés – auxquels il réservait les postes clés dans l’armée, le parti Baas et l’administration publique.
Depuis la chute de Bagdad, il y a huit mois, les membres du clan al-Majid et les plus proches collaborateurs de l’ancien président sont dans le collimateur des troupes de la coalition. Nombre d’entre eux déjà ont été tués. C’est notamment le cas d’Oudaï, Qoussaï et Mustapha, les fils et petit-fils de Saddam, tombés dans une embuscade à Mossoul, le 22 juillet. D’autres ont été arrêtés. Parmi eux : Watban al-Tikriti et Barzan al-Tikriti, ses demi-frères (13 et 16 avril), Mouzahem al- Tikriti, ex-commandant des forces de défense aérienne (23 avril), le général Ibrahim al-Tikriti, chef d’état-major de l’armée (15 mai), Barazan al-Tikriti, l’un de ses cousins, qui commandait la Garde républicaine spéciale (23 juillet), et Ali Hassan al- Majid, autre cousin surnommé « Ali le Chimique » en raison de son rôle dans le massacre des Kurdes (à Halabja, notamment), en 1988.
D’autres dignitaires de l’ancien régime croupissent en prison dans l’attente de leur jugement, comme Tarek Aziz, vice-Premier ministre (arrêté le 25 avril), Latif Noussaïef Jassem, vice-président du bureau militaire du Baas (9 juin) et le vice-président Taha Yassine Ramadan (19 août). Certains, comme Kamal al-Tikriti, secrétaire de la Garde républicaine et gendre de Saddam, ont préféré se rendre (17 mai).
Au total, sur les cinquante-cinq anciens responsables irakiens les plus recherchés par les forces de la coalition (le fameux jeu de cartes édité par le Pentagone), seuls quatorze sont encore en liberté, mais pour combien de temps ? Au premier rang d’entre eux : Izzat Ibrahim el-Douri (l’ex-numéro deux du régime est soupçonné de coordonner la guérilla antiaméricaine) et Sabaoui Ibrahim Hassan, demi-frère et conseiller personnel de Saddam. Un autre cousin, Ezz-Eddine Hassan al-Majid, vit en exil à Londres.
Après la mort d’Oudaï et de Qoussaï, Sajida, la première épouse du raïs, s’est réfugiée en Syrie avec Hala, la plus jeune de ses filles. Raghad et Rana, ses deux aînées, et leurs enfants résident depuis le mois de juillet à Amman, en Jordanie. Leurs maris, les frères Hussein Kamel et Saddam Kamel, furent assassinés en 1996 sur ordre de Saddam, qui les soupçonnait d’avoir transmis aux Occidentaux des informations concernant les projets de fabrication d’armes de destruction massive. Dans une déclaration publiée le 17 décembre par Al-Hayat, le quotidien arabe de Londres, Raghad a fait savoir qu’elle souhaitait être autorisée à rendre visite à son père. La veille, dans une interview à la chaîne de télévision Al-Arabiya (Dubaï), elle avait estimé que son père devrait être jugé par un tribunal international, ce qui revient à dénier toute légitimité au Conseil de gouvernement transitoire.
Quant à Samira Chahbandar, seconde épouse de Saddam et mère du seul de ses fils encore en vie, Ali (21 ans), elle est réfugiée à Beyrouth, au Liban, où elle est arrivée en avril en provenance de la Syrie. Dans une interview publiée par le Sunday Times, le 14 décembre, elle a affirmé que son mari, depuis huit mois, lui « téléphonait au moins une fois par semaine » – ce qui semble peu vraisemblable – et qu’elle a « obtenu l’aval des autorités pour se réfugier en France, avec son fils ». Ce qui, bien sûr, reste à vérifier.

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