Retour de manivelle

Et si la capture du tyran provoquait une relance de la guérilla antiaméricaine ?

Publié le 19 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Le président George W. Bush a eu le triomphe modeste. Pourtant, la bonne nouvelle ne pouvait pas mieux tomber. L’arrestation de Saddam Hussein a fait oublier le scandale du carburant surfacturé au corps expéditionnaire américain en Irak par le groupe Halliburton, dont le vice-président Dick Cheney fut le PDG. Et relégué au second plan les regrettables déclarations de Paul Wolfowitz, le secrétaire adjoint à la Défense, excluant les entreprises allemandes, françaises et russes des contrats pour la reconstruction de ce pays. Pourquoi le président américain a-t-il contenu sa joie ? Sans doute par crainte de l’impact que les images de l’ex-dictateur en vieillard hirsute pourrait avoir sur ceux que ses officiers appellent les « forces hostiles ». Autrement dit sur la résistance à l’occupation. Depuis huit mois, celle-ci est à l’origine de la mort de quelque deux cents soldats américains : on comprend que le chef de l’exécutif redoute une sensible aggravation de ce bilan, à moins d’un an de l’élection présidentielle.
Les cellules et groupes armés vraisemblablement mis en place avant la chute de Bagdad vont-ils s’efforcer de faire payer aux soldats américains l’opération Aube rouge du 13 décembre ? La multiplication des opérations antiaméricaines au cours des jours suivants semble confirmer ce scénario- catastrophe. Chez les Bédouins, la vengeance n’est pas un plat qui se mange froid. Les Fedayine de Saddam ne sont pourtant pas les seuls à hanter les nuits des responsables militaires américains. Car les partisans du retour au pouvoir du Baas au pouvoir et les islamistes étrangers infiltrés n’ont pas l’exclusivité de la lutte armée, contrairement à ce que prétendent Paul Bremer, l’administrateur civil américain, et les membres du Conseil de gouvernement transitoire.
Pour tous les nationalistes irakiens qui refusaient jusqu’ici de se battre « pour lui », l’arrestation de Saddam Hussein est une sorte de « libération ». En dépit de l’horreur des attentats à la voiture piégée contre des commissariats de police et diverses institutions accusées de collaboration avec les forces d’occupation, la résistance risque de gagner en respectabilité aux yeux d’une opinion irakienne excédée par les conséquences de l’occupation : graves insuffisances de l’alimentation en gaz et en électricité, dégradation de la situation sécuritaire et des conditions socioéconomiques, excès en tout genre – et toujours impunis – des forces d’occupation, etc. L’hypothèque Saddam désormais levée, de jeunes recrues pourraient, dans les semaines à venir, grossir les rangs des combattants. Quelle que soit leur appartenance tribale ou leur obédience religieuse.

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