Promotion Genève

Publié le 19 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Lundi 15 décembre. Alors qu’un épais brouillard clouait les appareils au sol sur la plupart des aéroports du Maroc, un avion en provenance de Tel-Aviv (via Paris) s’est posé sur la piste de Marrakech. À bord, conduite par Yossi Beilin, l’ancien ministre israélien de la Justice, architecte des accords d’Oslo de 1993, une délégation des promoteurs israéliens de l’Accord de Genève, signé deux semaines plus tôt. Leurs homologues palestiniens, venus d’Amman, étaient arrivés quelques heures auparavant. Un dîner organisé par Mohamed Benaïssa, le ministre des Affaires étrangères, devait réunir peu après pour un dîner (halal, mais non casher !) dans le célèbre restaurant de la Mamounia, en compagnie de leurs hôtes marocains, ceux qui s’étaient surtout fréquentés jusque-là à la table… des négociations. La présence d’Ahmed Toufiq, le ministre des Habous et des Affaires islamiques, et celle du conseiller du roi André Azoulay ont conféré un lustre particulier à l’accueil des délégués de la paix sur la terre marocaine. Le lendemain, point d’orgue d’un séjour aussi bref que chaleureux, ce fut le souverain lui-même qui invita l’Israélien Beilin et le Palestinien Rabbo pour un déjeuner sans protocole dans son Palais de la Ville rouge.
Peu après, les deux délégations redécollaient en direction de Paris. Destination : un autre palais, celui de la Mutualité cette fois, où était organisé en soirée un meeting populaire sous l’égide des associations et des mouvements soutenant l’Accord de Genève. Là, changement d’ambiance : une salle pleine de deux mille personnes alertées par Radio Shalom et des annonces parues dans la presse française, de nombreuses personnalités, mais pas d’officiels. À défaut de membres du gouvernement, sans doute retenus en d’autres lieux par les discussions sur le port du voile à l’école, la majorité présidentielle n’était représentée que par le porte-parole de l’UMP, le parti au pouvoir. Un moment pressenti, Alain Juppé n’avait pas fait le déplacement. À l’exception de Bertrand Delanoë, le maire de Paris, qui sut rester discret, les politiques participant à la réunion étaient pour la plupart d’anciens responsables qu’on ne pouvait s’empêcher de soupçonner de vouloir, en s’affichant, redorer un blason fâcheusement terni : MM. Badinter, Bayrou, Chevènement, Fabius, Kouchner, Strauss-Kahn, massés au pied de la tribune, donnaient en effet davantage l’impression de se « marquer à la culotte » que de soutenir, ensemble, une paix qu’ils appellent pourtant de leurs voeux. Malgré l’émouvante intervention du président de l’association des musulmans laïcs, on cherchait vainement des yeux les groupes de jeunes « Beurs » en keffieh qui se manifestent d’ordinaire si volontiers dès qu’il est question de la paix en Palestine.
Bref, Yossi Beilin et Yasser Abed Rabbo ont encore bien du chemin à faire avant de réussir à rallier à leur Accord une opinion internationale qui déborderait le cercle des partisans convaincus dès l’origine par leur initiative…

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