À Alger, la police entrave le rassemblement étudiant, une première depuis février
La police a empêché ce 8 octobre les étudiants de manifester à Alger comme ils le font chaque mardi depuis février, une première depuis le début du mouvement de contestation en Algérie.
Dans le centre d’Alger, les policiers ont bloqué à plusieurs reprises les manifestants et tenté de les disperser, procédant notamment à des arrestations, dans et en marge du cortège qui s’est plusieurs fois reconstitué plus loin.
Un premier barrage de policiers en tenue anti-émeutes a barré le passage aux étudiants, rejoints par des citoyens, qui se dirigeaient vers la Grande Poste, bâtiment emblématique et lieu de rassemblement traditionnel du « hirak », le mouvement de contestation né le 22 février, a expliqué Hamid, un commerçant de 34 ans qui s’est joint à la marche.
Des dizaines de citoyens sont encore dans les commissariats
Les étudiants ont contourné le dispositif et se sont regroupés à nouveau dans des rues proches de la Grande Poste, où un important déploiement policier a empêché le cortège de progresser, avant de le disperser définitivement.
Interpellations musclées
Au moins 14 personnes – 13 étudiants et un citoyen – ont été arrêtées, selon une « première liste », apparemment non exhaustive, publiée par le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), association qui milite pour la libération des personnes arrêtées dans le cadre du hirak.
Un journaliste du quotidien francophone El Watan, Mustapha Benfodil, a été brièvement arrêté par la police puis relâché, a-t-il lui-même indiqué sur Twitter, affirmant que « des dizaines de citoyens sont encore dans les commissariats », et dénonçant des « forces de police (…) déchaînées ».
Plusieurs médias ont fait état d’interpellations musclées et des vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent la police utiliser la force pour disperser des manifestants pacifiques.
La brutalité policière a atteint un niveau jamais vu depuis le début des marches
Plus de 80 détenus issus du hirak
« La brutalité policière a atteint un niveau jamais vu depuis le début des marches, selon plusieurs étudiants interrogés », écrit El Watan sur son site internet.
Cette première obstruction policière à une marche du hirak intervient dans un contexte d’arrestations de journalistes, militants et figures de la contestation, opposés à l’élection présidentielle que le régime a convoquée le 12 décembre pour élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier a été poussé à la démission par la rue en avril, après 20 ans à la tête du pays.
Selon une liste non exhaustive publiée lundi soir par le CNLD, plus de 80 personnes arrêtées depuis le mois de juin à Alger pour des faits liés au hirak sont toujours en détention provisoire.
L’élection présidentielle contestée
« Gaïd Salah, pas d’élection cette année », ont notamment scandé les manifestants à l’adresse du chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah. Devenu l’homme fort du pays, il martèle dans ses régulières interventions que l’élection aura bien lieu le 12 décembre, mettant en garde ceux qui « tentent d’entraver » le processus électoral.
Selon les partisans du hirak, qui exigent le départ du pouvoir de toutes les figures de l’appareil hérité de la présidence Bouteflika – dont le général Gaïd Salah -, cette élection ne vise qu’à assurer la survie du « système » politique en place depuis l’indépendance en 1962.
« Cette élection n’aura pas lieu, car elle n’est que fraude et duperie », proclamait une pancarte portée par un étudiant.
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