Le dernier des Oulémas

Publié le 19 décembre 2003 Lecture : 1 minute.

Les obsèques d’Ahmed Sahnoun, 97 ans, patriarche de l’islamisme algérien, le 9 décembre à Alger, ont été une occasion de voir ou revoir des figures politiques qui avaient disparu de la scène publique : les membres-fondateurs du Front islamique du salut (FIS), Ali Benhadj, Abdelkader Boukhamkham ou encore Ali Djeddi. D’autres personnalités ont participé à la cérémonie, dont Ahmed Taleb Ibrahimi ou encore Abdelaziz Belkhadem, chef actuel de la diplomatie algérienne. L’annonce du décès de cet ancien membre de l’Association des oulémas, dirigée durant les années 1940 par Abdelhamid Ben Badis, a été suivie d’un message du chef de l’État et d’un autre de son Premier ministre.
Premier imam de la République, Ahmed Sahnoun s’est distingué dès 1964 par une série de prêches dénonçant la permissivité des pouvoirs publics face à la « dégradation des moeurs ». Son courroux avait été provoqué par les festivités organisées pour le deuxième anniversaire de l’indépendance. Celles-ci avaient été marquées par un défilé, jugé indécent, sur l’avenue du 1er-Novembre où des jeunes filles en minijupe portaient des drapeaux de pays luttant contre le colonialisme.
Sahnoun a toujours incarné la conscience religieuse du régime. En octobre 1988, il prend la tête d’une délégation reçue par Chadli Bendjedid pour réclamer une islamisation de la société. En 1989, il crée, en présence de tous les leaders islamistes, Rabitat ed-Daawa (la Ligue de prédication). Il prend ses distances à l’égard du FIS en 1991, jugeant illicite son appel à l’insurrection. Il le paiera en juin 1996. Un tireur des GIA, embusqué derrière un pilier de la mosquée de Bir-Mourad-Raïs, tente de l’assassiner. Il s’en sort, et c’est une maladie incurable qui l’emportera le 8 décembre 2003.

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