Génocide des Tutsi au Rwanda : l’intervention d’une journaliste taxée de négationnisme dans des universités belges fait polémique

Soixante chercheurs, journalistes et historiens spécialistes du Rwanda ont adressé une lettre ouverte aux rectorats de quatre universités belges pour protester contre l’intervention de la journaliste canadienne Judi Rever à une série de conférences entre le 9 et le 12 octobre. Auteure du livre « In Praise of Blood », dans lequel la journaliste insinue la thèse controversée du double génocide, Judi Rever est accusée de négationnisme.

Mémorial du Génocide à Kigali, au Rwanda, le 5 avril 2014 © Ben Curtis/AP/SIPA

Mémorial du Génocide à Kigali, au Rwanda, le 5 avril 2014 © Ben Curtis/AP/SIPA

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Publié le 10 octobre 2019 Lecture : 4 minutes.

Les signataires de la lettre ouverte se disent « choqués que de grandes universités européennes aient choisi de donner une plateforme à l’auteure d’un livre qui diffuse les arguments utilisés dans une campagne de négation de 25 ans sans fournir le genre de débat que cette question nécessite ».

Dans ce courrier adressé aux recteurs de l’Université catholique de Louvain, de l’Université d’Anvers et de la VUB de Bruxelles ainsi qu’au directeur dʼArtevelde Hogeschool de Gand, qui accueillent ces conférences, les signataires accusent ces établissements d’offrir une plateforme, sans « débat contradictoire digne de ce nom », à Judi Rever, une journaliste canadienne explicitement accusée d’être une « négationniste du génocide de 1994 contre les Tutsi du Rwanda ».

Parmi les soutiens de ce courrier on retrouve certains des principaux spécialistes de la question, comme les historiens Stéphane Audoin Rouzeau et Hélène Dumas, le journaliste Jean-François Dupaquier mais aussi le général canadien Roméo Dallaire, commandant de la Minuar – la mission de maintien de la paix onusienne au Rwanda pendant le génocide.

Banaliser le génocide des Tutsi

Judi Rever est l’auteur du livre In Praise of Blood (Penguin Random House Canada, 2018), qui se présente comme une enquête dans laquelle elle accuse notamment le Front patriotique rwandais (la rébellion de Paul Kagame qui a mis fin au génocide en juillet 1994) d’avoir infiltré les milices hutu Interahamwe et d’avoir participé directement au massacre des Tutsi. L’ouvrage se fonde notamment sur un rapport confidentiel du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), qui n’est pas reproduit dans son livre. Sur la base de ces éléments et de témoignages, elle soutient la thèse controversée d’un double génocide qui aurait entraîné la mort de près de 500 000 victimes hutu.

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