Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 22 novembre 2005 Lecture : 6 minutes.

Honte à la France !
Je comprends parfaitement le malaise des jeunes des banlieues françaises. La France n’est toujours pas prête à reconnaître tous ses enfants, qu’ils soient nés sur le sol français ou issus de l’immigration. Ce pays devrait cesser ses discours boiteux de pays rassembleur et abandonner son hypocrisie légendaire pour laisser place au pragmatisme.

Des Casques bleus africains à Paris
Paris brûle-t-il ? On n’en est pas encore à la pseudoprémonition nihiliste de NTM (« Paris sous les bombes »), mais la France s’impose néanmoins un couvre-feu digne de ceux
d’Abidjan, de Brazzaville, de Libreville ou de Kinshasa.
À quand des troupes dépêchées par les pays africains pour protéger l’évacuation de leurs ressortissants ? Il faudrait d’abord que les forces africaines prépositionnées dans les
centres de formation français (Saint-Cyr et autres), dans les ambassades (les attachés militaires), sans oublier ceux qui traînent dans les maquis underground de la capitale, organisent le retour de leurs compatriotes coincés dans les banlieues des grandes villes de France puisque le gouvernement de ce pays a du mal à assurer leur sécurité.
À quand, aussi, des Casques bleus africains pour seconder les services de police et de gendarmerie français débordés. Le sigle Fonuf (Forces des Nations unies pour la France) sonnerait assez bien. Il faut en parler au premier citoyen du monde, Mister Annan. Les policiers africains n’ont-ils pas une très bonne expérience des émeutes ?

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Paralysés par la peur
Des présidents à vie, des fils de présidents qui succèdent à leur père La démocratie demeure un rêve que nous, Africains, ne pourrons atteindre avant au moins une génération.
Pourquoi ? La réponse est simple : nous n’avons ni le courage ni la volonté de changer les systèmes politiques en place… J’irai jusqu’à dire que nous avons une peur en nous-mêmes qui nous paralyse et nous rend dociles, presque inertes.
Mais peut-être ferons-nous appel aux Américains pour qu’ils nous libèrent de nos chefs
d’État, comme ils l’ont fait en Irak

À nos frères en Irak
Ce message s’adresse à ceux qui ont procédé au rapt de deux innocents ressortissants
marocains en Irak. L’islam est un système de valeurs qui exalte la tolérance et la paix et
abhorre tout genre de barbarie et de cruauté. Au nom de tous les Marocains qui partagent la douleur de leurs deux frères, je vous prie de libérer Abderrahim et Abdelkrim sans aucune condition. J’implore Dieu le Tout-Puissant et espère que nos deux concitoyens recouvreront leur liberté avant même que ces lignes soient publiées.

Soutenir la microfinance
La mise en place du Global Commercial Microfinance Consortium (GCMC) (voir J.A.I n° 2339) pour l’octroi de prêts ou de garanties aux institutions de microfinance dans les pays en développement est une initiative louable. Car l’un des problèmes majeurs de ces structures demeure le manque de capitaux. Les autres obstacles au plein développement de ce secteur sont la formation de ses acteurs et le manque de synergie avec les banques. Voilà pourquoi le colloque de la Confédération internationale des associations des diplômés de l’Institut des techniques bancaires (CIAD-ITB) qui se tiendra en mars 2006 à
Nouakchott sur le thème de la microfinance mérite d’être soutenu.Ce genre de manifestation
devrait contribuer à rapprocher le monde du microcrédit et le secteur bancaire pour mieux combattre la pauvreté et réaliser les Objectifs du millénaire pour le développement.

Benoît XVI et l’islam
Il m’est difficile de reconnaître l’expertise du rédacteur à qui l’on a confié la
rubrique « Parole d’expert » du numéro 2338 de J.A./l’intelligent. L’historien et le penseur qu’il est semble perdre son sang-froid en supposant une malveillance préconçue de la part de Benoît XVI à l’égard du Coran. Pour renverser la perspective du rédacteur qui a malheureusement compris que le pape jetait le blâme du terrorisme sur les musulmans, je me permets de citer des extraits du discours prononcé par ce dernier devant des représentants des communautés musulmanes qu’il recevait à l’archevêché de Cologne le 20 août 2005 à l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse : « Le terrorisme, quelle qu’en soit l’origine, est un choix pervers et cruel. [] L’expérience du passé nous enseigne que le respect mutuel et la compréhension n’ont pas toujours marqué les relations
entre chrétiens et musulmans. […] Le souvenir de ces tristes événements (les batailles et les guerres qui se sont produites, en invoquant, de part et d’autre, le nom de Dieu, en laissant presque penser que combattre l’ennemi et tuer l’adversaire pouvaient lui être
agréables) devrait nous remplir de honte […]. Nous voulons rechercher les voies de la réconciliation et apprendre à vivre en respectant chacun l’identité de l’autre. […] Je souhaite de tout mon cur, chers amis musulmans, que le Dieu miséricordieux et plein de compassion vous protège, vous bénisse et vous éclaire toujours (lire : continue de vous éclairer). »

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D’un assassinat l’autre
J.A./l’intelligent a publié un article fort intéressant sur la disparition de Mehdi Ben Barka en 1965 (n° 2338). Il est clair que le leader de la gauche marocaine a été liquidé par le pouvoir qui voulait se débarrasser d’un homme honnête, compétent, d’un
nationaliste anti-impérialiste et antisioniste !
Deux grandes figures tunisiennes ont connu le même sort : le syndicaliste Farhat Hached, assassiné par l’organisation terroriste colonialiste « La main rouge », ainsi que le nationaliste Salah Ben Youssef, exécuté avec la collaboration de services secrets occidentaux bien connus.
Aucune enquête n’est en cours pour faire la lumière sur ces deux disparitions scandaleuses.

Côte d’Ivoire : la vérité triomphe
C’est en tant qu’Africain blessé dans son âme par les événements malheureux qui secouent notre continent depuis plus d’une décennie que j’ai lu les pages consacrées à la crise
ivoirienne dans les numéros 2338 et 2339. L’affaire Poncet m’a rappelé tous les mensonges qui ont entouré la crise déplorable que connaît la Cote d’Ivoire depuis de longs mois. Dieu merci, voilà que la vérité commence à triompher. Je salue le courage de la ministre française de la Défense, qui n’a pas hésité à sanctionner ses généraux une fois la vérité établie. Néanmoins, ce n’est qu’un pas. Il lui faut tirer toutes les leçons de ce qui est
arrivé.

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En attendant Internet
Dans votre n° 2336, il y a un article qui m’aurait fait beaucoup rire si le sujet traité n’avait pas été aussi sérieux. Selon son auteur, le développement de l’Internet en Afrique peut sauver les populations de tous les maux dont elles souffrent : la malnutrition, le manque de réseaux sanitaires
Je ne suis malheureusement pas un grand connaisseur de ce continent, mais je me suis rendu au Mali en 2002. Allez faire un tour dans le nord du cercle de Bafoulabé, et vous
verrez que les gens attendent autre chose qu’Internet pour survivre et avoir une vie un peu meilleure. Le centre de santé est à 105 km (trois heures de piste à la saison sèche et trois jours à la saison des pluies) : je ne pense pas qu’Internet les fera arriver plus vite.
Le téléphone commence à y être accessible de partout, mais il n’y a pas d’électricité,
mis à part quelques panneaux solaires. Dans certains villages, l’enseignement est assuré par des gens qui savent lire et écrire, mais n’ont aucune formation pédagogique. Plus de 80 % de la population de ces contrées est illettrée : pas facile dans ces conditions de se servir d’un ordinateur.
Internet est, il faut bien le reconnaître, formidable. Je ne vais pas faire la liste de tout ce qu’il est possible de faire avec cet outil, mais encore faut-il avoir les moyens matériels, intellectuels et financiers pour pouvoir y accéder.

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