Logistique africaine : l’heure de la révolution
L’Africa CEO Forum et le cabinet de cabinet de conseil Okan livrent leurs recommandations pour la modernisation de la logistique africaine, un élément clé pour le succès de l’intégration économique continentale.
La modernisation de la logistique africaine est l’un des chantiers les plus importants auquel fait face le continent. Malgré les progrès enregistrés ces quinze dernières années, notamment dans le domaine portuaire, par lequel transite 90 % du commerce continental, le secteur reste insuffisamment compétitif et moderne pour soutenir l’industrialisation et l’intégration économique africaine.
A l’heure où la Zone de libre-échange continentale africaine rentre dans sa phase opérationnelle, l’Africa CEO Forum (principal rendez-vous du secteur privé sur le continent africain, organisé par Jeune Afrique Media Group les 9 et 10 mars 2020, à Abidjan) et le cabinet Okan ont uni leurs expertises autour d’un rapport exclusif qui formule des recommandations pragmatiques visant à accélérer une véritable révolution du secteur de la logistique africaine.
Renforcer les capacités des États, structurer la logistique intra-africaine, accélérer la modernisation des ports ou encore prendre en compte les exigences de la classe moyenne… Des recommandations qui ont pour vocation de répondre aux besoins des investisseurs et entrepreneurs, et qui in fine devraient améliorer la qualité et le coût des services ou des biens destinés aux consommateurs.
Frédéric Maury, co-auteur du rapport et directeur éditorial à Jeune Afrique Media Group, propose justement un éclairage sur la modernisation de la logistique africaine, prenant en compte les nouvelles habitudes technologiques et de consommation de la classe moyenne africaine. « Ce segment est moins souvent abordé », annonce Frédéric Maury : « C’est pourtant un accélérateur important d’innovation et d’investissement au profit du consommateur, et du continent. »
Jeune Afrique : De quelle manière la modernisation logistique du continent peut-elle concerner la classe moyenne africaine ?
Sur le plan pratique, il y a la logistique du dernier kilomètre, qui consiste à amener les biens au consommateur final et à fluidifier les échanges de biens, et la logistique du froid, qui est liée au transport et au stockage des biens alimentaires, et se développe avec l’augmentation des centres commerciaux et des supermarchés sur le continent.
L’autre volet concerne la mobilité des personnes, notamment dans les grandes villes, avec toutes les nouvelles applications de type Uber, Taxify, ou Yango.
Comment la modernisation des chaînes logistiques va-t-elle bénéficier aux consommateurs ?
Le problème de la logistique en Afrique, c’est que le coût du transport y est beaucoup plus élevé que dans le reste du monde. Dans le rapport, nous donnons l’exemple d’un conteneur qu’il est deux fois plus coûteux d’acheminer d’Abidjan à Ouagadougou, que de Shanghai jusqu’au port ivoirien, alors que le parcours intra-africain est 16 fois plus court. Les gains pour les consommateurs sont donc sur les prix et sur les délais de livraison.
Avez-vous des exemples de ces sociétés qui modernisent la logistique sur le continent ?
Il a Jumia, qui est leader du e-commerce en Afrique, c’est l’une des plus grandes organisations logistiques du continent. Keyopstech, qui se lance dans la livraison de colis au sein des villes mais aussi entre les pays. On peut aussi citer le segment des transports de personnes avec Uber, Bolt Africa, Kareem, mais tous ces secteurs demeurent fragiles parce qu’ils sont récents et parce il est encore difficile d’opérer en Afrique.
Quelles clés permettront à ces acteurs de s’imposer ?
Il est difficile de généraliser mais l’une des clés peut être de faire de la technologie frugale, simple et adaptée au contexte africain.
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