Présidentielle en Algérie : « Si la contestation reprend massivement, il est fort probable que l’armée ajourne le scrutin »

Abdallah Djaballah, le président du Front de la justice et du développement (FJD-Adala), a annoncé que son parti ne présentera pas de candidat à l’élection présidentielle du 12 décembre. Si l’islamiste plaide pour la poursuite du mouvement de contestation, il s’oppose à la violence et à la désobéissance civile. Entretien.

Abdallah Djaballah, président du parti islamiste FJD. © YouTube/EchorouknewsTV

Abdallah Djaballah, président du parti islamiste FJD. © YouTube/EchorouknewsTV

Publié le 15 octobre 2019 Lecture : 8 minutes.

Depuis le début du mouvement populaire, Abdallah Djaballah a milité au sein de plusieurs initiatives conjointes d’une partie de l’opposition politique. La plus notable est celle des « Forces pour le changement », qui a tenu une vingtaine de réunions entre le 20 février soit deux jours avant la première manifestation massive contre le régime du président Abdelaziz Bouteflika – et le 3 juillet.

Désormais se pose la question de participer ou non à la présidentielle du 12 décembre prochain. Si la décision de ne pas présenter de candidat est déjà actée, la question du boycott général du scrutin devra être tranchée dans les semaines à venir par le Front de la justice et du développement (FJD-Adala). Abdallah Djaballah, le président du parti islamiste, qui a reçu Jeune Afrique début octobre dans son bureau algérois, se dit très inquiet par la tournure que prennent les événements dans le pays. Il espère que l’institution militaire consente à reporter le scrutin et à « rendre la souveraineté au peuple ».

Jeune Afrique : Vous avez toujours plaidé en faveur d’une sortie de crise par la voie électorale. Votre formation n’a pourtant pas l’intention de présenter un candidat pour le scrutin présidentiel du 12 décembre. Pourquoi ?

Abdallah Djaballah : Nous estimons que cette élection s’inscrit dans le cadre du plan du pouvoir pour perpétuer le système rejeté par le peuple. Partant de ce constat, les membres du conseil national du parti ont mandaté le président du FJD-Adala, le président du conseil consultatif et le bureau politique, pour adopter une position définitive, en fonction des développements futurs sur la scène politique : soit appeler au vote, soit opter pour le boycott – ou autre. Il nous reste encore du temps pour prendre notre décision.

Nous ne présenterons pas de candidat car la trajectoire suivie par le système ne rejoint pas la réalisation des idéaux de la révolution du peuple

Nous ne présenterons cependant pas de candidat, car le Front de la justice et du développement œuvre sans relâche pour la réalisation des idéaux de la révolution du peuple et ses revendications, qui sont justes et légitimes, mais cela ne rejoint pas la trajectoire suivie par le système.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de participer ?

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Nous parions sur la poursuite du hirak et sur le renforcement de la mobilisation. Nous travaillons beaucoup dans ce sens. Nous espérons que le retour en force du peuple dans la rue nous conduira à un changement susceptible de garantir toutes les conditions favorables à un scrutin ouvert.

Et si ce n’est pas le cas ?

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Nous aviserons à ce moment-là. Soit nous opterons pour le boycott, soit nous laisserons nos militants décider de leur choix.

Des manifestants dans les rues d'Alger, vendredi 11 octobre 2019. © Toufik Doudou/AP/SIPA

Des manifestants dans les rues d'Alger, vendredi 11 octobre 2019. © Toufik Doudou/AP/SIPA

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