Maroc : quand les origines du stress hydrique font débat

Si la classe politique pointe du doigt des problèmes de gouvernance et de distribution, pour de nombreux analystes, le Maroc est confronté à un problème plus vaste, coincé entre le réchauffement climatique et des industries gourmandes en eau.

Des villageois de Douar Timneit creusent un canal à la recherche d’eau souterraine, près de Ouarzazat, dans le centre du Maroc, le 2 février 2016 (image d’illustration). © Mosa’ab Elshamy/AP/SIPA

Des villageois de Douar Timneit creusent un canal à la recherche d’eau souterraine, près de Ouarzazat, dans le centre du Maroc, le 2 février 2016 (image d’illustration). © Mosa’ab Elshamy/AP/SIPA

CRETOIS Jules

Publié le 24 octobre 2019 Lecture : 4 minutes.

Lors du Sommet international sur la sécurité hydrique, début octobre à Marrakech, Abdelkader Amara, ministre de l’Équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau, a répondu au Conseil économique, social et environnemental (CESE) qui avait, une semaine auparavant, publié un communiqué intitulé : « Le droit à l’eau et la sécurité hydrique, gravement menacés par un usage intensif : le CESE tire la sonnette d’alarme et appelle à entreprendre des mesures urgentes ».

Le ministre conteste notamment l’usage du mot « alarmant ». « Un pays est considéré en situation de pénurie hydrique lorsque la disponibilité en eau est inférieure à 1 000 m3 par habitant et par an. Au Maroc, la situation est encore plus alarmante, puisque ses ressources en eau sont actuellement évaluées à moins de 650 m3 par habitant et par an, contre 2 500 m3 en 1960, et devraient baisser en deçà de 500 m3 à l’horizon 2030 », détaillait l’avis du Conseil.

Abdelkader Amara ne nie pas l’existence de certains problèmes, mais précise qu’ils ne sont pas structurels. Les difficultés d’approvisionnement en eau, durant l’été, de douars alimentés à partir de petites nappes vulnérables, sont le fruit d’une « situation conjoncturelle », justifiait-il ainsi dans les colonnes du quotidien Les Inspirations Eco.

Plusieurs spécialistes attestent pourtant d’un réchauffement climatique durcissant l’aridité et impactant directement les ressources hydriques du royaume – et plus largement des pays du bassin méditerranéen. « La montée du niveau de la mer entraîne une salinisation des nappes phréatiques côtières. Et à l’intérieur des terres, la désertification assèche les sources », étaye Samia Zayani, présidente de l’ONG Water Dynamic. « Les années à faible pluviométrie, on a constaté une baisse de 15 % des précipitations sur un demi-siècle, renchérit Charafat Afilal, ex-secrétaire d’État (PPS) chargée de l’Eau. D’une sécheresse tous les dix ans au cours des années 1960, le Maghreb est passé à deux, voire trois épisodes par décennie. »

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