Plan de vol africain

Publié le 21 novembre 2005 Lecture : 3 minutes.

Après Dakar, en 2004, c’est en Afrique du Sud, dans le cadre enchanteur de Sun City, non loin de Johannesburg, que l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa) a tenu, les 14 et 16 novembre, sa 37e assemblée générale annuelle, sous la direction de son secrétaire général, l’infatigable Togolais Christian Folly-Kossi. Véritable forum du transport aérien continental autour du thème des « stratégies pour le développement et la compétitivité », elle a permis de faire le point sur l’état du secteur, sur ses perspectives, et d’émettre des recommandations pour l’année à venir. Constructeurs, motoristes, spécialistes de l’avionique, du logiciel ou du service ont également pu présenter leur point de vue et les nouveautés 2006 aux décideurs du ciel africain.
De l’avis général et malgré quelques balbutiements dans l’organisation, cette édition 2005 a été un excellent cru. Les quelque trois cents participants ont assisté durant deux jours à des conférences courtes avec la conscience aiguë que la libéralisation du marché constitue une étape fondamentale pour les transporteurs aériens du continent. Dans une industrie dominée par les alliances entre grandes compagnies occidentales, les États africains ne peuvent plus se permettre de soutenir à bout de bras des compagnies nationales structurellement déficitaires, tandis que la concurrence privée parvient à dégager des marges confortables malgré l’augmentation des coûts. Conclusion : il est temps de mettre un terme aux luttes fratricides entre compagnies locales pour nouer des alliances qui permettront de rendre un service plus étendu, plus régulier et plus fiable. Pour démontrer leur engagement, les acteurs présents ont souhaité aller plus loin, en proposant la création d’une compagnie aérienne régionale privée sous le nom d’EcoAir, un projet d’ores et déjà mis en route sous la direction de Gervais Djondo, fondateur d’Ecobank, avec un budget de démarrage de 200 millions de F CFA. Dans le même esprit, South African Airways et Egypt Air – les deux plus grandes compagnies africaines – ont annoncé leur volonté de signer un accord de code share (« partage de lignes ») avant la fin de l’année.
Le thème de la sécurité a largement été abordé. L’association affirme avec vigueur que ses membres sont aussi fiables que n’importe quelle autre compagnie dans le monde et déplore les listes noires hâtivement mises en place par certains gouvernements européens, selon des critères jugés peu clairs par l’Association internationale des transporteurs aériens (Iata) et par l’Afraa, qui souligne par exemple que Ghana Airways a fait partie d’une liste noire alors qu’elle était en liquidation ! L’association demande donc aux États africains d’interdire les appareils issus de l’ancien bloc soviétique qui ne disposent pas de certificats valides délivrés par les autorités internationales. L’hôte de la conférence, South African Airways, a par ailleurs accepté de mettre en place une étude qui permette une approche groupée pour obtenir la certification IOSA (IATA Operational Safety Audit) afin qu’« aucune compagnie africaine ne soit laissée sur le bas-côté ». Le label IOSA est un système d’audits qui prend en compte l’ensemble des paramètres d’une compagnie. Très coûteux, ces programmes exigeront de faire appel aux bailleurs de fond internationaux ainsi qu’à l’Union africaine et au Nepad, et permettront aux transporteurs africains de ne plus figurer sur les listes noires.
Autre axe d’échanges, dans la continuité de l’assemblée générale de Dakar : la réduction des coûts, avec la mise en place de billets électroniques à travers tout le continent et l’instauration de régulations inter-États alignées sur les critères internationaux, car, comme le souligne Christian Folly-Kossi, « le transport aérien n’est pas un travail d’épicier. Il est régulé au niveau international, et on ne peut pas décider unilatéralement des normes, des routes, des procédures ». Dernier sujet évoqué et non des moindres, le service à la clientèle. Pour Brian Davies, ancien président de Kenyan Airways, « une destination sept fois par semaine vaut mieux que sept destinations une fois par semaine, parce que dans ce cas vous devez rentrer par un autre moyen ».
Dans son allocution finale, après avoir annoncé que la prochaine assemblée se tiendrait au Caire, en 2006, le secrétaire général de l’Afraa a souligné l’importance du transport aérien pour un continent où les infrastructures routières et ferroviaires sont peu développées, ajoutant que « la volonté et la détermination sont africaines, mais c’est un combat pour lequel il nous faut l’aide de tous ».

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