Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI)

Publié le 21 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique/L’intelligent : Comment peut-on fabriquer de la croissance au sud de la Méditerranée ? Et améliorer l’environnement des affaires ?
Philippe de Fontaine Vive : À l’évidence, les réserves de croissance et les gisements d’emplois se trouvent dans le secteur privé. C’est à chaque État de définir les priorités en fonction des besoins et avantages comparatifs des diverses branches. Ensuite, la BEI est prête à intervenir. Il y a cinq ans, nos financements s’élevaient à 1,3 milliard d’euros par an, contre 2 milliards aujourd’hui. Cette progression s’est faite au profit du privé. Fin 2005, la répartition public/privé sera de 50/50. Concernant l’environnement des affaires, il faut témoigner de ce que l’on a pu observer ailleurs sans donner de leçons. La proportion de nos crédits n’est pas liée à la taille des économies, mais à l’attrait que présente un territoire pour les investisseurs. Exemple avec la Tunisie : malgré un marché modeste, c’est le pays qui attire le plus d’investissements privés dans la région.
J.A.I. : En matière d’investissements, la rive sud de la Méditerranée ne souffre-t-elle pas de la concurrence de l’Europe de l’Est ?
P.D.F.V. : Je ne connais pas de cas d’investissements prévus au sud de la Méditerranée qui auraient été affectés en Europe de l’Est. En revanche, les sociétés se précipitent là-bas, persuadées d’y trouver des atouts pour alimenter le marché européen. Un engouement qui ne profite pas aux pays sud-méditerranéens, à l’exception de la Turquie, considérée comme une base arrière. Pour les autres, les investissements directs étrangers (IDE) s’avèrent insuffisants pour assurer leur décollage économique. Les bailleurs de fonds ne viendront que s’ils ont la conviction d’accéder à un grand marché. Dans ces conditions, il faut constituer des structures sous-régionales efficaces, car suffisamment intégrées, et raisonner en termes d’échanges euro-méditerranéens qui, toutes activités confondues, représentent 20 % du PIB mondial.
J.A.I. : La création de richesses dans les pays Meda passe- t-elle forcément par une plus forte intégration dans le commerce mondial ?
P.D.F.V. : La taille des économies sud-méditerranéennes est relativement faible. Du Maroc à la Turquie, on a un marché substantiel en termes de population, mais qui ne représente pas une zone majeure à l’échelle mondiale, compte tenu du niveau de développement. C’est pour cela que l’avenir des pays Meda passe par un rapprochement avec l’Europe et une plus forte intégration régionale. Prenez les relations commerciales entre l’Algérie et le Maroc : quelle importance ne prendraient-elles pas si elles pouvaient se développer sur une base purement économique ! Au lieu de cela, ils sont 16e et 30e fournisseurs, respectivement, l’un de l’autre. Leur rythme de croissance pâtit de la faiblesse de ces échanges. À l’évidence, cette situation répond pour une large part à des considérations politiques. Nous relayons ce message, mais la décision revient aux États.

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