Monique Veaute

Commissaire générale du Festival des cultures francophones

Publié le 22 novembre 2005 Lecture : 3 minutes.

Pour se convaincre que la francophonie est bel et bien en train de faire peau neuve, il suffit de jeter un coup d’il à la jeune femme brune, chaleureuse, volontiers rieuse
malgré l’heure matinale, qui est venue présenter le programme de « ses » Francofffonies ! à notre conférence de rédaction hebdomadaire. Ceux qui redoutaient le morne exposé d’un
programme officiel trop soigneusement dosé en seront pour leurs craintes : Monique ne pratique ni la langue de bois administrative ni l’ellipse diplomatique. Elle qui, par décret du Premier ministre, tient aujourd’hui les rênes de l’organisme ad hoc mis sur pied pour mener à bien la « grande manifestation francophone » appelée de ses vux par le président Chirac au Sommet de Beyrouth un attelage composite où se côtoient l’Élysée, Matignon, cinq ministères (dont ceux de la Culture, des Affaires étrangères et de
l’Éducation nationale), l’Organisation internationale de la francophonie, l’Afaa, et j’en passe… , paraît aussi libre d’allure dans la salle de réunion de notre journal que sur la scène d’un théâtre, à la tribune d’un amphithéâtre ou encore dans les coulisses d’une salle de concerts.
La familiarité de Monique Veaute avec les artistes et le plaisir toujours aussi vif qu’elle éprouve à découvrir de nouvelles uvres ne lui viennent pas d’hier. Née à Tübingen, en Allemagne, au milieu du siècle dernier, elle franchit le Rhin pour suivre des
études de sociologie, de psychologie et de philosophie à l’Université de Strasbourg. Là, puis à Paris, la jeune fille ne tarde pas à se mettre à l’écoute des sons et des musiques du monde contemporain. Journaliste pour Radio France de 1977 à 1980, bientôt directrice
des soirées sur France Musique, Monique n’aura dorénavant de cesse de tendre l’oreille vers les lointains, passionnée qu’elle est déjà par l’organisation d’événements culturels de dimension européenne et internationale. Telle cette Biennale de Paris de 1982 où elle fait sensation en créant une nouvelle section Musique, particulièrement remarquée. Chargée
en 1984 des « projets spéciaux » de la chaîne, on retrouve Monique successivement et,
parfois, simultanément ! en direct d’Allemagne, d’Autriche, de Slovaquie, de Bulgarie, de Roumanie, de Grèce et des États-Unis, sans qu’elle ait pour autant coupé ses relations avec la France où elle orchestre l’ouverture de la Grande Halle de la Villette ainsi que la création du Festival Musica de Strasbourg.
En 1986, elle s’installe en Italie, d’abord à la Villa Médicis, puis au Romaeuropa Festival dont elle devient la directrice artistique. Elle y réalisera depuis lors des spectacles et des concerts que suivront, chaque année, des dizaines de milliers d’amateurs
passionnés. Mais elle n’en continuera pas moins à faire la preuve de ses dons d’ubiquité, que ce soit auprès du président de l’Assemblée nationale française qu’elle conseille pour la culture et l’audiovisuel, à la chaîne de télévision Arte dont elle accompagne le lancement, ou à Lisbonne, où elle est conseillère culturelle en 1992-1993.
Bien qu’elle n’ait certes pas tourné le dos à ses premières amours pour la musique, Monique n’a cessé d’élargir, au fil des ans, ses centres d’intérêt et ses compétences : ils concernent désormais toutes les catégories des arts de la scène, ce que concrétise sa
présence dans le Réseau méditerranéen pour le théâtre vivant ainsi que dans l’Association européenne des festivals.
Bref, madame la Commissaire manifeste ainsi un spectaculaire appétit pour la création contemporaine sous toutes ses formes. Voilà qui s’inscrit parfaitement dans le cadre du projet des Francofffonies ! dont le rideau sera levé au prochain Salon du livre de Paris
et dont l’objectif est de faire découvrir le patrimoine culturel du monde francophone dans ses dimensions d’inventivité, de diversité et de débat. Repeindre les enjeux, les acteurs et les missions de la Francophonie aux couleurs de la longue fête qui se déroulera de mars 2006 jusqu’au mois d’octobre suivant, faire « déménager » le public francophone vers davantage de modernité, voilà qui ne peut que réjouir Monique Veaute. D’ailleurs, elle en sourit déjà

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