Nigeria : la fermeture des frontières terrestres maintenue jusqu’à nouvel ordre

L’interdiction d’importer et d’exporter des marchandises à travers les frontières terrestres du Nigeria durera « aussi longtemps qu’il le faut » pour pousser les pays voisins à endiguer le commerce de contrebande, a déclaré lundi le chef des douanes nigérianes.

Le port autonome de Cotonou, au Bénin

Le port autonome de Cotonou, au Bénin

Publié le 15 octobre 2019 Lecture : 2 minutes.

« Pour le moment, toutes les marchandises illégales ou légales restent interdites d’importation au Nigeria par les frontières terrestres », a déclaré à la presse Hameed Ali, contrôleur général des services des douanes du Nigeria. « Nous ne pouvons pas donner de calendrier précis pour la réouverture », a-t-il ajouté. « Cela prendra le temps qu’il faut à nos voisins pour venir à la table des discussions », martèle Hameed Ali depuis la fermeture des frontières, décidée de manière brutale et unilatérale le 19 août dernier.

« La fermeture continuera tant que nous pourrons obtenir les résultats souhaités », a répété le chef des douanes. Le président Muhammadu Buhari a fermé de manière inattendue les frontières du Nigeria au commerce de marchandises, déclarant qu’il était temps de mettre fin à la contrebande rampante, notamment de riz ou de poulets surgelés importés du Bénin et qui traversent illégalement la frontière poreuse avec le géant nigérian de 190 millions d’habitants.

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Diversifier l’économie

Officiellement, toutes les frontières terrestres (Bénin, Niger, Tchad, Cameroun) sont concernées par cette fermeture. Mais dans les faits, le Bénin est le pays qui souffre le plus de cette décision, récemment qualifiée de « catastrophique » par son ministre de l’Agriculture. La frontière avec le Niger (1 400 kilomètres) est quasiment impossible à bloquer hermétiquement, et les frontières avec le Tchad et le Cameroun sont pratiquement inaccessibles à cause des différents conflits dans la zone (Boko Haram, Cameroun anglophone…).
Le Bénin profite également depuis des décennies de l’importation illégale d’essence subventionnée, qui a coûté des milliards de dollars au gouvernement nigérian, affirme Abuja. La fermeture des frontières a engendré une très forte inflation du prix des produits de base sur les marchés au Nigeria où tous les produits doivent être désormais importés via le port de Lagos, décrié pour l’inefficacité et la corruption rampante de ses gestionnaires.
Le pays base son économie presque exclusivement sur le pétrole depuis 60 ans, mais le président Buhari a promis de renforcer l’agriculture et de diversifier l’économie.
La fermeture unilatérale des frontières va à l’encontre de tous les traités commerciaux et de libre circulation signés par le Nigeria dans le cadre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Elle a également jeté une ombre sur un accord historique de libre-échange, signé par 54 des 55 pays africains, une initiative saluée comme une avancée cruciale vers la suppression des barrières commerciales du continent.

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