« Dilemme » de Lous and the Yakuza, un plaidoyer en faveur de la résilience

Tout droit venue de Belgique, la Congolaise Lous and the Yakuza s’apprête à publier un premier album où la pop-folk poétique qu’elle cultive depuis deux ans rencontre une trap éthérée.

Lous and the Yakuza © Laura-Marie Cieplik

Lous and the Yakuza © Laura-Marie Cieplik

KATIA TOURE_perso

Publié le 16 octobre 2019 Lecture : 3 minutes.

Son premier album, en 2020, aura pour titre « Gore ». Et c’est avec « Dilemme » – premier extrait dont le clip à l’esthétique chiadée a été publié le 19 septembre 2019 sur YouTube – que Lous and The Yakuza annonce la couleur : poésie, douceur et résilience sur fond de trap entêtante et vaporeuse.

Comme une sorte de ballade sentimentale à la manière d’un Stromae – et la chanteuse délivre son histoire – , traversée par quelques coups agressifs, de petits chocs violents portés par l’instrumental trap. Si la formule n’a rien d’inédite, la voix à la fois douce et rugueuse ainsi que le texte intimiste où il est question de résilience, de liberté et d’acceptation de soi finissent de parfaire un titre des plus intenses.

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Une enfance partagée entre la RDC, la Belgique et le Rwanda

Celle que l’on aperçoit dans le clip « Bruxelles Vie » du rappeur Damso est née il y a 23 ans en République démocratique du Congo (RDC). « Le “gore” est un sous-genre du cinéma d’horreur, trash et sanglant, mais teinté d’humour. C’est à l’image du début de ma vie d’adulte assez brutale en termes d’épreuves. Aujourd’hui, je me dis qu’il vaut mieux en rire plutôt qu’en pleurer », confie Marie-Pierra Kakoma (de son vrai nom), qui a grandi au Rwanda, de l’âge de 9 ans jusqu’à ses 15 ans après avoir quitté la Belgique dont elle foule le sol, pour la première fois, à l’âge de 4 ans.

« Si je pouvais, je vivrais seule, loin des problèmes et des dilemmes, (…) loin de mes chaînes et des gens que j’aime », sont les paroles du refrain de « Dilemme » dont le clip, réalisé par Wendy Morgan, est une succession de mise en scènes inspirées de divers œuvres d’art.

Et pour chacune, Lous se métamorphose : « Le radeau de la Méduse », tableau de Théodore Géricault ; « L’Extase de Sainte-Thérèse », sculpture de de Gian Lorenzo Bernini ainsi que le tableau contemporain « Mercy and Goodness » de la peintre Africaine-Américaine Naudline Pierre.

Extrait du clip "Dilemme" de Lous and The Yakuza © Trisha Ward

Extrait du clip "Dilemme" de Lous and The Yakuza © Trisha Ward

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Versatilité et dualité

Sans compter « Les mains levés vers le ciel », symbole créé par Lous elle-même, formé d’un trait droit, d’un demi-cercle et d’un point. « Avoir les bras levés vers le ciel peut signifier une extrême joie ou alors une extrême lamentation. Ce symbole est à l’image de ma versatilité et ma dualité », explique celle qui sera en concert aux Transmusicales de Rennes fin décembre 2019, à Paris le 23 mars 2020 (La Cigale) et le 24 mars 2020 à Bruxelles (Botanique).

https://www.instagram.com/p/B3SiBQTHzEY/

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En témoignent encore les paroles du morceau. « Et plus j’ai la haine, et plus ils me font de la peine. / Ma peau n’est pas noire, elle est couleur ébène. / Lous, es-tu sereine ou fais-tu juste la guerre ?/Tu n’es pas parfaite, ton erreur humaine », chante Lous and The Yakouza dans l’un des couplets.

Lous and The Yakuza, ce n’est pas seulement moi

Pourquoi Lous ? En lisant son nom de droite à gauche, on se retrouve avec le mot anglais « soul », qui signifie « âme ». « Je suis une personne très spirituelle », explique la jeune femme. Et si elle a accolé « The Yakuza » à son nom d’artiste, c’est pour « créditer tous ceux qui travaillent, dans l’ombre, à ses côtés », nous indique celle qui se rend dans son pays natal, au moins tous les six mois.

À commencer par le réalisateur de son album, l’Espagnol El Guincho (Pablo Díaz-Reixa Díaz, de son vrai nom) mais aussi Ponko et David Mems, les deux beatmakers derrière « Dilemme ».

Extrait du clip "Dilemme" de Lous and The Yakuza © Trisha Ward

Extrait du clip "Dilemme" de Lous and The Yakuza © Trisha Ward

« Je suis une grande fan du Japon et des valeurs de sa société. J’aime aussi la rue, celle que j’ai connu plus grande. Au Japon, les gens de la rue sont les Yakuzas. Ils sont loyaux et intenses. Pour eux, famille et amitié sont des notions qui vont ensemble. C’est la relation que j’entretiens avec ceux qui m’entourent aujourd’hui. Lous and The Yakuza, ce n’est pas seulement moi. »

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