Des films antivirus

Coordonné par l’association Global Dialogues, le concours Scénarios d’Afrique veut aider à lutter contre l’épidémie sur le continent.

Publié le 21 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Burkinabè, Camerounais, Béninois, Congolais, Kényans, Sénégalais ou Namibiens… La liste des 30 lauréats du cru 2005 du concours Scénarios d’Afrique, dont le palmarès a été révélé en octobre dernier à Ouagadougou, au Burkina Faso, confirme la vocation panafricaine de ce rendez-vous tourné, à l’origine, vers les pays sahéliens. Plus de 63 000 jeunes issus de 35 pays africains y ont participé, rédigeant 2 200 scénarios pour s’affronter en compétition.
L’événement, coordonné depuis sa création en 1997 par l’association britannique Global Dialogues, fait miroiter une belle récompense aux cinéastes en herbe. Si le vainqueur du grand prix du jury reçoit un chèque de 700 000 F CFA, tous les scénarios primés peuvent espérer être portés à l’écran par un grand réalisateur du continent, comme le Malien Cheikh Oumar Sissoko, les Burkinabè Fanta Régina Nacro et Idrissa Ouédraogo ou le Sénégalais Hamet Fall Diagne.
Mais pour les initiateurs du projet, Daniel Enger et Kate Winskell, l’intérêt de Scénarios d’Afrique réside surtout dans la thématique imposée aux histoires écrites par les participants.
En les obligeant à construire une fiction en rapport avec le sida, ils voient là l’occasion d’ouvrir un espace d’expression sur un sujet qui reste tabou dans de nombreux pays. Et un moyen d’inciter les adolescents à se renseigner sur le VIH. « Nous avons décidé de créer le concours quand nous nous sommes aperçus que la façon de parler du sida aux jeunes africains n’avait rien à voir avec leurs préoccupations. La prévention contre la maladie était exclusivement traitée sous l’angle biomédical », explique Kate Winskell. Par ailleurs, la plupart des supports pédagogiques dont disposaient, au milieu des années 1990, les professeurs et les organisations non gouvernementales venaient d’Afrique de l’Est : « Il n’y avait quasiment rien en langue française, poursuit la cofondatrice de Global Dialogues. Il fallait donc agir. »
C’est de ce double constat qu’est né Scénarios d’Afrique, inspiré du concours « 3 000 scénarios contre un virus » organisé en France en 1993, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida.
À l’issue de la première édition du concours, Daniel Enger et Kate Winskell ont constaté que leur projet permettait aussi d’évaluer les connaissances des jeunes sur le sida. « Parmi les premiers scénarios qui nous sont parvenus, beaucoup véhiculaient l’idée que le virus s’attrapait ailleurs, en Europe souvent. Les auteurs n’avaient pas conscience que c’était aussi une maladie africaine. Ils voyaient le sida comme un mal occidental et homosexuel, dont la diffusion dans leurs pays résultait d’un complot du Nord pour tuer le Sud », raconte Kate.
Vingt-huit courts-métrages ont été réalisés depuis le lancement du concours. Projetés dans le cadre du Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou (Fespaco) et diffusés sur plusieurs télévisions nationales, ces films sont également utilisés par les ONG sur le terrain.

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