Maroc : Ilyas El Omari, la chute finale ?

Après avoir fait face au Hirak, à une colère royale et à une fronde dans son parti, le président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, longtemps considéré comme l’un des hommes politiques les plus puissants du Maroc, a finalement été débarqué par le ministère de l’Intérieur.

Ilyas El Omari, le 1er avril 2015. © Hassan Ouazzani pour JA

Ilyas El Omari, le 1er avril 2015. © Hassan Ouazzani pour JA

CRETOIS Jules

Publié le 19 octobre 2019 Lecture : 2 minutes.

Le Conseil de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma a annoncé le 17 octobre l’ouverture des candidatures au poste de président du Conseil. Sur les réseaux sociaux, la région publie le message du wali qui informe de cette décision.

C’est donc le ministère de l’Intérieur – auquel sont rattachés les walis – qui a constaté « l’arrêt de travail » et « l’absence prolongée » d’Ilyas El Omari, qui présidait jusqu’alors la région.

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La nouvelle n’a pas vraiment surpris : Ilyas el Omari était déjà donné « démissionnaire » et les rumeurs se multipliaient à son sujet. En septembre, il avait « séché » des réunions et des cérémonies publiques.

Contesté au sein du PAM

Mais cette annonce sonne comme le dernier acte d’une déchéance impressionnante, tant Ilyas el Omari était considéré comme un homme très puissant. « Une des personnalités les plus influentes – et les plus intrigantes – du royaume. » C’est ainsi que Jeune Afrique présentait, en 2016, cet homme au parcours politique exceptionnel, issu d’une famille rifaine modeste et formé dans le chaudron du militantisme berbériste, un engagement qui lui avait valu d’être condamné par contumace à de la prison ferme.

En 2018, Omari quittait son poste de secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM), principal parti d’opposition parlementaire au gouvernement. S’il justifiait son départ par sa volonté de liberté, des « frondeurs » de sa formation politique assuraient alors à Jeune Afrique qu’il quittait son poste sous la contrainte.

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Colère royale

En 2017, Ilyas el Omari avait déjà annoncé sa démission, après avoir essuyé une colère royale répondant au Hirak, mouvement social dans le Rif, fief du PAM et longtemps fief de Omari. Ce dernier pouvait difficilement ne pas se sentir visé par le discours royal qui avait sévèrement pointé la défaillance de la classe politique dans la gestion de ces contestations.

Malmené par son parti, Ilyas el Omari l’était aussi, plus logiquement, au sein de son Conseil. Son opposition islamiste l’accusait d’être incapable de proposer un plan de développement. L’opinion publique, quant à elle, a pu suivre, dans la presse, les multiples retards et couacs dans l’établissement de certains projets annoncés en grande pompe, comme la Cité Mohammed VI Tanger Tech.

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Aucun parti n’avait annoncé, en date du 18 octobre, de candidat pour les élections à venir. La fin du délai pour le dépôt des candidatures a été fixé au 22 octobre, à minuit. Le PAM, première force politique de la région, pourrait en conserver la présidence, d’autant qu’un certain nombre de formations ne semblent pas forcément intéressées de prendre un mandat en cours, dans cette région sous haute tension sociale.

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