[Tribune] Tunisie : une diaspora schizophrène
L’étude récemment publiée par l’Institut Montaigne selon laquelle près du quart des musulmans de France considèrent que la charia est plus importante que les lois de la République ne m’a pas étonnée, moi qui viens de vivre les législatives tunisiennes à Paris avec une majorité de bulletins en faveur du parti islamiste Ennahdha.
![Scène de liesse devant le quartier général d’Ennahdha, dimanche 6 octobre 2019 à Tunis. © Camille Lafrance](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2019/10/07/img_5886.jpg)
Scène de liesse devant le quartier général d’Ennahdha, dimanche 6 octobre 2019 à Tunis. © Camille Lafrance
« C’est ce qu’on appelle un transfert », m’a expliqué un ami psychanalyste. Je n’ai pas cherché à comprendre, je songeais à la conversation que j’avais eue avec l’épicier tunisien de mon quartier. Je lui avais demandé pour qui il avait voté :
« J’ai voté Ennahdha, a-t-il répondu avec aplomb.
– Pourquoi ?
– Je veux qu’on rétablisse la loi d’Allah.
– La charia, c’est ça ? Y compris la polygamie…
– Bien sûr.
– Tu crois que les Tunisiennes seraient d’accord ?
– Bien sûr, ma sœur. »
Je me retournai et désignai dans la rue une Française de souche qui passait près de nous :
« Et elle, tu penses qu’elle accepterait d’avoir des coépouses ?
– Mais elle, c’est pas une femme ! »
Bien s’informer, mieux décider
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