UBA à grande vitesse
Après avoir acquis la Banque internationale du Burkina et pris position en Côte d’Ivoire, la première banque nigériane serait sur le point de récupérer la Banque internationale pour le Mali.
« Il y a de fortes chances pour que United Bank for Africa [UBA] mette la main sur la Banque internationale pour le Mali [BIM] », soutient un banquier de la zone UEMOA, habituellement très bien renseigné. Conformément à sa politique de désengagement du système financier, l’État malien a décidé de céder 50 % des parts sur les 61 % qu’il détient. Le verdict est attendu pour le 25 juillet. En cas de victoire, UBA aura été préférée aux Marocains d’Attijariwafa Bank, aux Français de la Société générale, à Ecobank Mali et à Bank of Africa Bénin. Les Nigérians entreraient ainsi en possession du troisième établissement du Mali, qui affiche un total de bilan de 264 millions de dollars – selon le classement 2007 des 200 premières banques de Jeune Afrique -, derrière la Banque de développement du Mali (BDM) et la Banque nationale pour le développement agricole (BNDA). Cette victoire confirmerait les ambitions de la première banque nigériane.
Cette stratégie a été mise en évidence ces dernières semaines par la multiplication et l’accélération des prises de participation ou des implantations dans plusieurs pays de la sous-région. En scellant le rachat de 37,84 % du capital de la Banque internationale du Burkina (BIB), la banque dirigée par Tony Elumelu fait une entrée fulgurante sur la place burkinabè. Attendue depuis plusieurs mois, cette opération ne sera effective que début septembre après le feu vert du ministère des Finances. Mais, d’ores et déjà, les actionnaires et le conseil d’administration de la première banque burkinabè se sont prononcés favorablement. On les comprend. « Le bilan d’UBA dépasse les 13 milliards de dollars. Le nôtre est à peine de 500 millions de dollars », explique le président de la BIB, Gaspard Ouédraogo. Si le montant de l’opération est tenu rigoureusement secret, on sait néanmoins qu’UBA était en lice sur ce dossier contre les groupes Ecobank et Attijariwafa Bank. « Ce sera un partenaire de référence comme jamais nous n’en avons connu », se réjouit Ouédraogo. Dans son tour de table, UBA vient avec la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale dédiée au secteur privé) et la Banque africaine de développement (BAD). En outre, la banque dirigée par Tony Elumelu possède des agences à Londres et à New York, qui permettront à la banque burkinabè de mieux rayonner à l’international.
Déjà présent en Côte d’Ivoire
Ce n’est pas tout. Déjà présent au Ghana avec sa filiale UBA Ghana Limited, le groupe mise également sur la Côte d’Ivoire, où il vient de s’implanter à travers sa filiale UBA Côte d’Ivoire, située au Plateau, le quartier des affaires d’Abidjan. Une autre agence a ouvert ses portes à Treichville, quartier de la capitale économique où se concentre la diaspora nigériane. Enfin, l’autre voie privilégiée de cette croissance passe par les prises de participation dans des entreprises africaines à travers UAB Capital, fonds créé en février dernier à la City de Londres. Cinq marchés africains ont été ciblés prioritairement (Nigeria, Maroc, Afrique du Sud, Maurice et Kenya). « Cet assaut doit inciter les banques de l’espace francophone à peser davantage, notamment en fusionnant, sous peine de disparaître », conclut un professionnel.
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