Bénin : le dialogue politique, cheval de Troie d’une réforme constitutionnelle ?
Alors que le gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre les recommandations issues du dialogue politique convoqué par Patrice Talon, l’opposition craint que ces futures réformes n’ouvrent en fait la voie à une révision de la Constitution, après les trois échecs essuyés sur ce front par le président béninois depuis le début de son mandat.
Après deux échecs de son projet de réforme constitutionnelle au Parlement, le président Patrice Talon va-t-il profiter des conclusions du dialogue politique qu’il a convoqué pour tenter de sortir de la crise politique dans laquelle le pays est plongé depuis les législatives d’avril dernier pour remettre son projet en branle ?
C’est en tout cas ce que l’on veut croire au sein de la mouvance présidentielle. « Le président Talon tient enfin sa révision constitutionnelle ! », s’est même enthousiasmé Marcelin Ahonoukoun, président du groupe parlementaire de l’Union progressiste, lors d’un entretien diffusé sur la e-Télé, avant d’insister sur le fait que pour plusieurs des recommandations du dialogue politique national, « la mise en œuvre est impossible sans toucher à la loi fondamentale ».
Vers une troisième tentative de réforme Constitutionnelle
Outre l’organisation d’élections générales anticipées en 2020 ou 2021, la révision du nombre de sièges des députés à l’Assemblée nationale, c’est surtout « l’amélioration de la représentativité des femmes dans les instances de décisions » sur laquelle s’appuie ceux qui, au sein de la mouvance présidentielle, défendent la nécessité d’une réforme de la Constitution.
Sur ce dernier point, en effet, la Cour constitutionnelle avait rendu, le 8 septembre 2010, une décision hostile à tout système de quota, car contraire à l’article 26 de la Constitution béninoise portant sur l’égalité femme-homme. « L’adoption de mesures discriminatoires en faveur de la femme exige des aménagements dans la Constitution du 11 décembre 1990 », a confirmé Alain Orounla, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement.
En avril 2017 et en juillet 2018, Patrice Talon avait échoué à atteindre les 4/5e de la majorité parlementaire requise pour procéder à une refonte de la loi fondamentale. Et avait dans la foulée abandonné l’option d’un référendum. Mais depuis les élections législatives du 26 avril dernier, lors desquelles aucune liste d’opposition n’a été autorisée à participer, l’Assemblée nationale n’est constituée que de députés se réclamant de l’un ou l’autre des deux blocs de la majorité présidentielle.
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