Nasrallah triomphe

L’échange de dépouilles et de prisonniers entre l’État hébreu et le Hezbollah consacre une nouvelle victoire du « Parti de Dieu ».

Publié le 21 juillet 2008 Lecture : 2 minutes.

Comme dans les guerres que mène habituellement Israël contre les Palestiniens, l’asymétrie est totale. Mais cette fois-ci elle n’est pas en faveur de l’État hébreu. Le marché macabre conclu entre Jérusalem et le Hezbollah libanais a même un caractère apparemment léonin. Diligentées dans le plus grand secret par un intermédiaire allemand, les tractations ont abouti, le 16 juillet, à l’échange suivant : l’organisation chiite restitue les dépouilles d’Ehoud Goldwasser et Eldad Regev, les deux soldats dont la capture avait déclenché la guerre de l’été 2006. En contrepartie, Israël remet les restes de 199 combattants libanais, palestiniens ou d’autres nationalités arabes. Dans le lot, Dalal al-Moghrabi, une héroïne palestinienne tuée en 1978 dans une opération de résistance particulièrement meurtrière (36 morts israéliens). Le Hezbollah obtient également la libération de 5 prisonniers, dont Samir Kantar. Ce Libanais, militant du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), s’était rendu célèbre en 1979 après une opération à Nahariya qui avait fait 3 morts. Condamné plusieurs fois à perpétuité, il était emprisonné depuis trente ans.
C’est le Liban, toutes communautés confondues, qui a célébré la libération des prisonniers. Le 16 juillet a été déclaré jour férié. Les détenus ont été accueillis par les plus hauts personnages de l’État, le président Michel Sleimane et le Premier ministre Fouad Siniora en tête. Mais l’événement est surtout une victoire pour Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah. Dans son fief de la banlieue sud de Beyrouth, il est apparu en public, devant une marée humaine, pour la première fois depuis la deuxième guerre du Liban. Excellent tribun, rationnel, didactique, maniant l’ironie à l’occasion, son discours était diffusé en direct sur Al-Jazira. Et nul doute qu’il a été suivi autant à Tel-Aviv qu’au Caire ou à Casablanca.
La liesse au Liban jure avec la tristesse et le désarroi qui dominent l’opinion israélienne. Jusqu’à la dernière minute, on a ignoré le sort réel des deux soldats. En outre, on craint désormais que l’accord conclu avec le Hezbollah ne rende plus difficile la récupération de Gilad Shalit, détenu par le Hamas, qui pourrait être tenté de se montrer plus exigeant. En échange, il réclame en effet la libération d’un millier de prisonniers palestiniens, dont Marwane Barghouti, l’un des leaders du Fatah.

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