Côte d’Ivoire : Charles Blé Goudé bientôt poursuivi à Abidjan ?
Les juges ivoiriens trancheront le 30 octobre pour savoir si l’ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo sera ou non jugé à Abidjan pour « crimes contre des populations civiles » et « crimes contre des prisonniers de guerre ».
Il faudra encore attendre pour savoir si Charles Blé Goudé sera poursuivi par la justice ivoirienne pour « crimes contre des populations civiles » et « crimes contre des prisonniers de guerre ». Réunie en audience mercredi 23 octobre à 15h GMT, la chambre d’instruction du parquet général d’Abidjan a décidé d’accorder une semaine supplémentaire aux avocats de l’ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo, afin notamment de leur permettre de prendre connaissance du dossier de l’accusation.
La nouvelle audience a été fixée au 30 octobre. Elle se déroulera en l’absence du prévenu toujours en résidence surveillée à La Haye, aux Pays-Bas.
[Nous écrivions initialement, sur la foi des déclarations des avocats de l’ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo, que le procès de Charles Blé Goudé se tiendrait ce mardi 23 octobre sur le fond du dossier. Or, c’est à l’issue de l’audience – reportée au 30 octobre -, que les juges doivent décider si Charles Blé Goudé doit, ou non, être effectivement poursuivi sur les charges de « crimes contre des populations civiles » et « crimes contre des prisonniers de guerre ».]
Pour en comprendre les raisons de ce nouveau revirement judiciaire, il faut revenir en 2013. En cavale depuis la chute du régime de Laurent Gbagbo en avril 2011, l’ancien chef des Jeunes Patriotes a été arrêté au Ghana le 17 janvier 2013, puis extradé vers son pays. La justice ivoirienne se saisi immédiatement de son cas. Blé Goudé est poursuivi pour douze chefs d’accusation de crimes de guerre.
Transféré à La Haye
L’affaire prend un nouveau tournant, quelques mois plus tard, quand la Cour pénale internationale (CPI) lance un mandat d’arrêt formulant quatre chefs d’accusation de crimes contre l’humanité à son encontre : meurtre, viol, persécution et autres actes inhumains, qu’il aurait commis entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011, lors de la crise postélectorale. Après une longue hésitation, les autorités ivoiriennes décident finalement de l’y transférer.
Détenu jusque-là dans un lieu tenu secret – une cellule de la DST (Direction de la surveillance du territoire) selon les dires de l’intéressé -, Charles Blé Goudé rejoint Laurent Gbagbo à La Haye le 23 mars 2014. On connaît la suite : Gbagbo et Blé Goudé sont acquittés de toutes les charges retenues contre eux en janvier 2019. Une décision contestée par la procureur de la CPI qui a fait appel le 19 septembre dernier.
Poursuivi à Abidjan
À Abidjan, si beaucoup ont cru le dossier ivoirien définitivement mis entre parenthèses, il n’en est rien. Le 16 septembre, le juge en charge de l’affaire notifie officiellement la fin de son instruction, puis remet quelques semaines plus tard son ordonnance de clôture. C’est un non-lieu partiel. Le juge a retenu contre Charles Blé Goudé deux des douze chefs d’accusations initialement retenus contre lui.
Si Charles Blé Goudé a affirmé ne pas vouloir être candidat en 2020, il n’a pas fait mystère de ses ambitions politiques
Comme c’est le cas en matière criminelle, le dossier a ensuite été transmis au parquet général qui décidera ou non d’ouvrir un procès devant la cour d’Assises d’Abidjan.
En cas de procès, Charles Blé Goudé (47 ans) risque une peine de prison à vie. Depuis son acquittement, l’ancien ministre de la Jeunesse s’est plusieurs fois exprimé. Si le président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep) a affirmé ne pas vouloir être candidat en 2020, il n’a pas fait mystère de ses ambitions politiques.
Le 6 août 2018, le chef de l’État, Alassane Ouattara, avait pris une ordonnance d’amnistie pour les personnes poursuivies ou reconnues coupables de crimes liés à la crise postélectorale. Parmi les 800 personnes concernées : Simone Gbagbo, qui avait recouvré la liberté quelques jours après l’annonce d’Alassane Ouattara. Le décret excluait cependant toute amnistie pour les personnes « en procès devant une juridiction pénale internationale », dont Charles Blé Goudé.
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