À la frontière entre le Bénin et le Nigeria, le trafic continue sur les sentiers de la contrebande
Depuis le 20 août, le Nigeria a unilatéralement fermé ses frontières avec le Bénin pour donner un coup d’arrêt à la contrebande. Entre les deux voisins, les échanges commerciaux sont au point mort, les marchés dépriment et les consommateurs paient le prix fort. Mais si leur ardeur s’est tassée, les contrebandiers sont loin d’avoir déposé les armes.
Depuis deux mois, de part et d’autre de la frontière, on se regarde en chiens de faïence. À Igolo, habituellement grouillant de monde, on peut entendre les mouches voler, ce lundi. Le grand marché dans la ville frontalière de Badagry, au Nigeria, n’aligne que quelques commerçants qui s’accrochent et attendent avec fatalisme l’hypothétique réouverture de la frontière.
« Le président Buhari va bientôt laisser tomber », tente de se rassurer Aladja, vendeuse de riz en vrac. Momba, une de ses voisines d’étal, soutient que « cette fois-ci, c’est sérieux. C’est vraiment fini ! ». Elle a cependant « interdit, jusqu’à nouvel ordre » à son fournisseur basé à Cotonou de lui faire parvenir de nouvelles livraisons.
C’est que le riz a, justement, été l’un des produits phares à l’origine de la décision du Nigeria de fermer ses frontières. Sur les 425 000 tonnes de riz blanchi que le Bénin importe chaque année, principalement en provenance du continent asiatique, le pays n’en consomme que quelque 330 000 tonnes. Le reste passe au Nigeria, alors que le riz est, en théorie, interdit à la réexportation vers le géant ouest-africain. Or, ce dernier a décidé, désormais, de donner la priorité à sa production locale de riz, qui a déjà progressé de 60 % depuis 2013.
Mais difficile de faire respecter l’embargo : un sac de 50 kilos de riz coûte entre 18 000 à 22 000 FCFA (27 à 33 euros) du côté béninois, et entre 29 000 FCFA à 41 000 FCFA (44 à 62 euros) de l’autre côté au Nigeria. De quoi aiguiser les appétits.
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