La Mosquée rouge… comme le sang
En plein coeur d’Islamabad, elle cristallise l’affrontement entre le régime Musharraf et les djihadistes proches d’Al-Qaïda.
Le 10 juillet 2007, à l’aube, l’assaut lancé par l’armée pakistanaise contre la Mosquée rouge d’Islamabad, ce sanctuaire des islamistes radicaux proches d’Al-Qaïda, avait fait une centaine de morts. Le 6 juillet dernier, pour le premier anniversaire de ces sanglants événements, les sympathisants islamistes, parmi lesquels beaucoup d’étudiants des madrasas [écoles coraniques], s’étaient donné rendez-vous aux abords de la mosquée, placée sous haute surveillance policière. C’est le moment choisi par un kamikaze pour se faire exploser au milieu de la foule. Bilan : une vingtaine de morts et de très nombreux blessés. L’attentat est à l’évidence une vengeance contre les forces de sécurité. Les manifestants réclamaient la libération du maulana (« notre maître ») Abdul Aziz, qui dirigeait la mosquée avec son frère, Abdul Rachid Ghazi, abattu pour sa part pendant l’assaut de l’an dernier.
Farouches adversaires de Pervez Musharraf, le général-président accusé d’avoir rallié la guerre américaine contre le terrorisme, les frères Ghazi étaient prêts à tout pour enrayer la « dégradation morale » de la société pakistanaise. Leur père, maulana Abdallah, fut en 1965 le fondateur de la Mosquée rouge. Situé dans un quartier chic de la capitale, à quelques encablures du palais présidentiel, l’édifice en briques rouges – d’où son nom – est devenu un bastion du fondamentalisme musulman sous l’influence du dictateur Mohammed Zia ul-Haq (1978-1988). C’est avec la bénédiction de ce dernier que maulana Abdallah a pu créer deux madrasas dans l’enceinte de la mosquée, l’une pour les garçons, l’autre pour les filles. Ces écoles jouèrent un rôle important dans la stratégie anticommuniste de Zia et fournirent notamment nombre de djihadistes qui contribuèrent au retrait des Soviétiques de l’Afghanistan voisin.
Après l’assassinat de maulana Abdallah, en 1998, ses deux fils prennent les rênes de la Mosquée rouge, qui devient vite le point de ralliement des islamistes radicaux. Travaillant au déclenchement d’une insurrection populaire en vue de l’instauration de la charia, ils multiplient les fatwas contre les militaires combattant dans les zones tribales du Nord-Ouest et imposent l’ordre moral dans les rues d’Islamabad. Ce qui ne pouvait que déboucher tôt ou tard sur une confrontation avec le pouvoir.
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