Heineken et Castel croisent le fer au Maghreb

Publié le 21 juillet 2008 Lecture : 2 minutes.

Contrairement à l’Afrique subsaharienne où le marché semble figé, au Maghreb, l’heure est aux grandes manoeuvres. Avec d’un côté Castel, le premier à être venu. De l’autre, Heineken, qui avance ses pions. En Tunisie, le groupe français détient 49 % des parts de la Société frigorifique et Brasserie de Tunis (SFBT), depuis 2006. Et se trouvait en situation de monopole avec notamment la bière Celtia, largement en tête des ventes. Mais l’arrivée du groupe néerlandais est venue rompre cette omnipotence. Heineken s’est appuyé sur une société tunisienne, Boujbel, spécialisée dans l’hôtellerie et l’agroalimentaire. Après lui avoir racheté, en décembre 2006, 49,9 % de ses parts dans la SPDB (Société de production et distribution de boissons) en décembre 2006, il a créé un joint-venture baptisé Sonobra (Société nouvelle de brasserie), opérationnel depuis cette année. La SFBT, qui négociait depuis 2004 pour obtenir la licence Heineken, a perdu la bataille.

Castel est seul au Maroc
Au Maroc en revanche, le monopole est toujours d’actualité. La Société des brasseries du Maroc (SBM) brasse toute la production locale, soit plus de 900 000 hectolitres par an. Propriété de Castel, qui l’a rachetée à l’ONA en 2003, la SBM possède plusieurs sites de production régionaux. Outre les marques phares locales comme la Casablanca, la Gazelle, la Stork mais surtout la Flag Spéciale (à la fameuse typographie gothique sur l’étiquette argent, bleu et rouge), la SBM brasse aussi des bières étrangères renommées : Heineken, Amstel, 33 Export.
Bien moins structuré que ses voisins, le marché algérien est désormais porté par le secteur privé, puisque l’État ne détient plus aujourd’hui que la Brasserie d’Annaba, toujours en vente. Premier brasseur étranger à s’être implanté en 2001, Castel revendique aujourd’hui 46 % de parts de marché mais doit à présent compter sur la concurrence. Heineken, venu chasser sur les mêmes terres, a remporté une jolie mise en janvier 2008 : le groupe Mehri lui a cédé Tango (Tango, Samba, Fiesta), la première brasserie privée à avoir vu le jour en Algérie, en 2001. À ce portefeuille s’ajoutent les bières Heineken et Amstel. Dans la foulée, Castel a répliqué et s’est mis d’accord avec InBev pour le rachat des licences Stella Artois et Beck’s, jusqu’ici détenues par Tango. Malgré le maintien de quelques brasseurs du cru et le parasitage du marché noir (qui drainerait 30 % de la production), nul doute que ces deux géants venus d’Europe pèseront sur l’avenir du marché algérien. Reste que des décisions politiques locales suscitent quelques craintes : régulièrement, des walis décident d’interdire la vente d’alcool sur leur commune.
Au Maghreb, terre d’Islam, la consommation d’alcool est taboue. D’où la boutade d’un brasseur : « Mieux vaut boire avec modération que de s’abstenir avec exagération. » Il existe bien des bières halal, sans alcool (Tango, FouziaÂÂÂ) mais, au vu des comportements de consommation, elles n’empiètent pas sur le marché des bières alcoolisées. À ce jour, les Tunisiens sont les plus gros consommateurs avec 10 litres par an et par habitant. Mais en comptant les touristes.

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