[Chronique] Banques et assurances en Afrique : attention, pirates en vue

La numérisation financière qui gagne l’Afrique expose aussi les banques et assurances du continent à des cyberattaques de pirates informatiques peu scrupuleux. Les efforts en matière de sécurité informatique dans le secteur financier sont indispensables.

Cartes bancaires Mastercard et Visa. © AP/Sipa

Cartes bancaires Mastercard et Visa. © AP/Sipa

Publié le 24 décembre 2019 Lecture : 2 minutes.

Lors du Mobile World Congress, le 28 février 2018 à Barcelone, en Espagne. © Emilio Morenatti/AP/SIPA
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Identité et sécurité numériques : l’Afrique sur la bonne voie ?

La sécurité des données et des connexions internet est devenue un enjeu majeur du développement des économies africaines, synonyme de performance mais aussi de souveraineté et de consolidation de la démocratie.

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Les opérations bancaires en Afrique se numérisent à grand pas. Cette évolution est source de nombreuses perspectives pour le continent, au premier rang desquelles la bancarisation de populations longtemps restées inaccessibles.

Mais elle charrie aussi son lot d’incertitudes. À mesure qu’ils numérisent leurs activités, les établissements financiers deviennent en effet la proie de cyberattaques toujours plus nombreuses, toujours plus sophistiquées.

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Partout les risques de piratage informatique augmentent. Au Nigeria, Interpol pointait du doigt en 2018 la recrudescence des cas de fraudes bancaires, souvent dissimulées derrière le vol d’identité de cadres des établissements visés.

Les 200 premières banques africaines

Les 200 premières banques africaines

Avant-garde

En Afrique du Sud, le Centre d’information sur le risque bancaire, une ONG spécialisée, a enregistré une hausse significative des cas de fraudes bancaires sur les plateformes numériques, y compris la multiplication par deux des attaques sur applications mobiles. Au Maroc, un réseau de cyberdétournements aurait sévi contre plusieurs comptes bancaires, jusqu’à son démantèlement en avril grâce à des descentes de police dans plusieurs villes du pays.

Les pertes provoquées par ces attaques se chiffrent en milliers, voire en millions. Cette année, une cyber­escroquerie aurait coûté 76 000 euros à la Banque de Dakar. Plus durement frappée, State Bank of Mauritius aurait perdu 2,3 millions d’euros à la suite du piratage de sa filiale indienne en 2018.

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Les sociétés d’assurance ne sont pas non plus épargnées. Liberty Group, géant du secteur, s’est fait dérober certaines de ses données, y compris des e-mails confidentiels, lors d’une attaque de grande ampleur en juin 2018. Comme souvent dans ces cas-là, la faille de sécurité ainsi mise à nu a effrayé investisseurs et clients de la société, provoquant la chute du cours de ses actions.

Ces difficultés devraient-elles pour autant remettre en question la numérisation en cours ? Évidemment non. Comme le soutient Yves Eonnet, PDG et fondateur de la fintech TagPay, l’Afrique est à l’avant-garde de la transformation numérique des activités de finance. Ces avancées permettent d’améliorer les services offerts et d’accroître le nombre de clients ainsi servis. Il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin.

Banques et assureurs africains s’équipent pour mieux lutter

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Il s’agit plutôt d’adapter ses défenses aux dangers d’une ère nouvelle. Déjà, banques et assureurs africains s’équipent pour mieux lutter. State Bank of Mauritius a tiré les leçons de sa mésaventure numérique, renforçant la sécurité de son réseau et de ses procédures internes.

Le secteur dans son ensemble engage des actions similaires, souvent avec l’aide de sociétés spécialisées et de pirates recrutés pour mettre ses systèmes à l’épreuve. C’est au prix de ces efforts que la numérisation portera tous ses fruits.

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