Du scandale au compromis
Le bruit fait autour de la cession douteuse d’un hôtel de luxe révèle les tensions au sein de l’attelage au pouvoir.
Publié le 21 juillet 2008 Lecture : 1 minute.
John Michuki est le nouveau ministre des Finances du Kenya. Déjà chargé du portefeuille de l’Environnement, il remplace l’ancien argentier Amos Kimunya, contraint à la démission le 8 juillet en raison de son implication dans la vente controversée d’un hôtel de luxe de la capitale. Ce départ révèle les tensions grandissantes au sein de l’attelage au pouvoir à Nairobi depuis les violences postélectorales de 2007.
L’affaire a éclaté en juin dernier lorsque les journaux ont fait leurs gros titres sur le bradage par le ministère des Finances du Grand Regency Hotel à la Libya Arab Investment Company. Propriété de la Banque centrale, l’hôtel, évalué à 45 millions de dollars, a été cédé pour un tiers de sa valeur. Les procédures réglementaires de la vente par adjudication n’auraient pas été respectées. Proche du président Mwai Kibaki, le ministre s’est attiré les foudres du Parlement en refusant de révéler le détail de la transaction, avant de finir par démissionner à la demande du chef de l’État. Celui-ci a également nommé une commission chargée de faire la lumière sur cette affaire.
La corruption empoisonne la vie publique au Kenya depuis l’accession de ce pays à l’indépendance en 1963. Lors de l’entrée en fonctions du nouveau gouvernement, en avril dernier, le Premier ministre Raila Odinga, issu de l’ancienne opposition, s’est engagé à ouvrir une ère de bonne gouvernance. Pendant les débats parlementaires sur la cession suspecte de l’hôtel Regency, il a promis de sévir contre les coupables.
Les observateurs doutent cependant que la commission nommée par le président ait une marge de manoeuvre suffisante pour mettre en accusation les auteurs de cette vaste escroquerie. Kibaki, sans la bénédiction duquel la vente de l’hôtel n’aurait pas été possible, reste intouchable. Il est peu probable qu’Odinga, qui a besoin du soutien du président et de celui de sa communauté kikuyue pour accéder à la présidence en 2012, souhaite réellement déterrer la hache de guerre.
