Dieudonné replonge
Jean-Marie Le Pen, parrain de la fille de Dieudonné ! Dans les milieux du show-biz comme au Front national, rares sont ceux qui avaient pris la nouvelle au sérieux. Jusqu’à ce que Le Pen vienne lui-même confirmer les faits à l’AFP. Il y a deux semaines, l’abbé Philippe Laguérie, leader des catholiques intégristes français, a bel et bien procédé, à Bordeaux, au baptême de Plume, troisième des quatre enfants de l’humoriste. Et le parrain est bien le chef du parti d’extrême droite.
L’annonce a semé la consternation. Ces derniers mois, Dieudonné semblait en effet avoir renoncé à son compagnonnage sulfureux avec le Front national. La dernière manifestation de connivence remonte à 2007 : un voyage au Cameroun avec Jany, l’épouse du chef du FN.
On en avait conclu un peu vite à la fin des égarements de l’artiste. Sa visite à la fête du Front national, en 2006, en pleine campagne présidentielle, puis son soutien à un candidat FN lors des législatives semblaient appartenir au passé. Du moins l’espérait-on. Car le public ne s’est jamais vraiment résigné à faire le deuil de « Dieudo », celui qui savait si bien ruer dans les brancards.
Signe supplémentaire de ce retour en grâce, son compère, Elie Semoun, avec qui il forma jadis un inoubliable duo, était venu le rejoindre sur la scène de son théâtre, le 14 juin. Une vidéo diffusée sur Youtube* immortalise d’ailleurs les retrouvailles. Un symbole fort : Dieudo redevenait fréquentable. Déjà, dans les coulisses, on annonçait la reformation du duo comique qui, il y a dix ans, fut l’un des symboles du combat antiraciste en France.
Fausse route. Dieudonné n’a pas rompu avec ses démons. Entendez : cette conviction selon laquelle il y aurait en France, en matière de lutte contre le racisme, deux poids et deux mesures. Prompte à se mobiliser quand il s’agit d’antisémitisme, la classe politique se montrerait moins vigilante lorsque d’autres communautés se trouvent en butte aux discriminations. Surtout, il serait interdit de critiquer l’attitude d’Israël envers les Palestiniens.
Un refrain entonné bien avant lui par Jean-Marie Le Pen. Dès lors, comment ces deux réprouvés n’auraient-ils pas été tentés de se rapprocher ? Même si, dans le passé, il est arrivé à Dieudonné de traiter le chef du FN de « grand marabout borgne ». C’était en 1997, lors d’une élection législative à Dreux. Dieudo était alors candidat contre le représentant du parti d’extrême droite.
Trop orgueilleux pour reconnaître qu’il s’est fourvoyé, Dieudo préfère aujourd’hui s’enferrer dans la provocation. Quitte à décevoir tous ceux qui, à nouveau, voulaient rire avec lui.
* http://fr.youtube.com/watch?v=4oSflLaDZv6g
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