À Madagascar, la Banque mondiale prévoit un léger ralentissement de la croissance en 2019

La Banque mondiale vient de publier une note sur la conjoncture économique de Madagascar. Intitulée “Un nouveau départ ?”, l’étude prévoit un petit ralentissement de la croissance en 2019, avant une reprise, normalement, dans les prochaines années.

Une vue d’Antananarivo, à Madagascar (photo d’illustration). © Wikimedia Commons/Alex Dunkel/Visionholder

Une vue d’Antananarivo, à Madagascar (photo d’illustration). © Wikimedia Commons/Alex Dunkel/Visionholder

Publié le 28 octobre 2019 Lecture : 3 minutes.

L’institution de Bretton Woods a publié une note sur la conjoncture économique de Madagascar, ce vendredi 25 octobre, dans laquelle elle insiste sur l’amélioration de la fiscalité et de la concurrence.

Selon les prévisions de la Banque mondiale (BM), la croissance devrait s’établir à 4,7 % du PIB en 2019, légèrement en retrait par rapport aux 5,1 % de 2018. Rapportée par habitant, la croissance atteint 2 %, “dépassant largement la moyenne subsaharienne de 0,3 %”, annonce le document.

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Ce sont les services qui contribuent le plus à ces chiffres, avec 2,5 points. L’agriculture, secteur faisant vivre environ les trois quarts de la population de la Grande île, pèse moins d’un point, mais « le PIB mesure majoritairement le secteur formel et il sous-estime donc la contribution du secteur agricole à l’activité et l’emploi”, précise Marc Stocker, économiste en chef de la Banque mondiale à Madagascar.

Contribution des différents secteurs à la croissance de Madagascar en 2019. © Banque mondiale

Contribution des différents secteurs à la croissance de Madagascar en 2019. © Banque mondiale

La BM identifie deux grandes causes à ce léger ralentissement. D’abord, un faible taux d’exécution budgétaire, à moins de 40 %. “La reconfiguration de certains ministères, la désignation de nouveaux ordonnateurs et la révision du budget de 2019 ont entraîné une certaine lenteur de l’exécution par rapport aux années précédentes”, détaille le rapport.

Taux d'exécution du budget de l'État malgache. © Banque Mondiale

Taux d'exécution du budget de l'État malgache. © Banque Mondiale

Ensuite, Madagascar subit des pressions externes. L’étude explique que la guerre commerciale des États-Unis contre la Chine – ces pays concentrent 25 % des exportations malgaches à eux deux – a eu un impact négatif sur les économies de nombreux pays et sur le commerce international. « Cette situation a exercé une pression à la baisse sur la demande et le prix des principaux produits d’exportation de Madagascar. »

La Banque anticipe par contre une reprise de la croissance en 2020 et 2021 à environ 5,4 %, grâce à un « rebond des investissements publics », après la période d’installation, mais aussi grâce à la “confiance du secteur privé.” Même si depuis le début du mandat Rajoelina, aucun grand et nouveau projet n’a été signé et que la délégation du Medef (patronat français) venue en visite en octobre est repartie sans grande annonce.

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6,3 % d’inflation en 2019, contre 8,6 % de 2018

Point positif, l’inflation devrait ralentir à 6,3 % en 2019 contre 8,6 % de 2018, et se maintenir autour de 6 % les années suivantes. Mais le pays reste vulnérable à des chocs, comme la pénurie de carburant qui a frappé Antananarivo à partir du 21 octobre. Si un événement semblable venait à durer ou à se reproduire, le pays pourrait subir une inflation en cascade.

Le rapport donne aussi un bon aperçu de la santé économique de l’État, et donc de ses possibilités pour soutenir la croissance. Le déficit public reste maîtrisé à 2,5 % du PIB, ainsi que la dette à 45,7 % du PIB.

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Le pays souffre par contre de l’endettement de ses entreprises publiques. La Jirama, la compagnie nationale d’eau et d’électricité, qui vend tous ses kilowattheures à perte, cumule environ 400 millions d’euros d’arriérés. Air Madagascar, qui vient de prendre son procès contre Air France, devra débourser 21 millions d’euros.

Le rapport recommande aussi d’améliorer les recettes de l’État en revoyant les dépenses fiscales, c’est-à-dire les exonérations de certains prélèvements. L’étude note qu’« en 2018, 448 dépenses fiscales ont été répertoriées à Madagascar et ont entraîné une réduction des recettes fiscales s’élevant à 1 099,3 milliards MGA (246 millions d’euros), soit 2,7 pour cent du PIB ou 23,4 pour cent des recettes fiscales perçues cette année-là. (…) La liste des dépenses fiscales comprend de nombreuses exonérations exceptionnelles en faveur de bénéficiaires privilégiés.”

Plus de concurrence, moins de quotas, plaide la Banque mondiale

Plus généralement, le rapport recommande, sans surprise, d’investir dans le capital humain, “le bien le plus précieux de Madagascar”, affirme Marie-Chantal Uwanyiligira, responsable pays de la BM.

Enfin, la BM recommande d’améliorer le climat des affaires ; Madagascar se classe d’ailleurs 161e place sur 190 pays dans le tout nouveau rapport Doing Business. Le rapport demande notamment d’accroître la concurrence dans des secteurs clé “fortement concentrés” : le pétrole, la banque, les télécoms, les mines, l’immobilier et l’agroalimentaire haut de gamme.

L’agriculture est aussi concernée. Dans le secteur du litchi par exemple, “moins de la moitié de la récolte est commercialisé, rappelle Marc Stocker. Cela vient en partie des quotas d’exportation qu’il faut réfléchir à supprimer.” L’institution termine son rapport sur un appel à davantage de concurrence : “L’absence de concurrence dans des secteurs clés de l’économie est un obstacle majeur à une croissance productive, inclusive et durable à Madagascar”.

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