Maroc : Sahara, éducation, islamisme, Code pénal… les vérités d’Amina Mae El Ainine
La polémique qui a éclaté, début 2019, après la publication de photos montrant Amina Mae El Ainine sans son voile lors d’un séjour à Paris, a éclipsé le discours de cette députée à la fois indépendante et fidèle aux valeurs d’un mouvement islamiste qu’elle a rejoint dès l’adolescence. Entretien.
La carrière politique d’Amina Mae El Ainine, commencée dans la région de Tiznit dont elle est issue – « loin du centre, loin des directions politiques et des projecteurs » – , s’est bâtie progressivement et avec patience. Élue une première fois à la Chambre des représentants grâce aux listes nationales des femmes en 2011, elle mène en 2016 une campagne victorieuse comme tête de liste « classique » à Hay Hassani, un quartier populaire de Casablanca, arrachant de nouveau un siège pour elle, ainsi qu’un autre pour son co-listier.
Regrettant les accrochages avec ses frères islamistes lors de la polémique à propos des photos d’elle dévoilée – « j’aurais simplement apprécié qu’ils observent un silence unanime à ce sujet, qui ne regarde que moi » – , elle dit aujourd’hui assumer les clivages politiques de sa formation, qu’elle estime même sains. Appréciée d’Abdelilah Benkirane, l’ex-chef du gouvernement et leader charismatique de son Parti de la justice et du développement (PJD), qui l’avait qualifiée en 2011 de « vraie zaïma », cette syndicaliste est une figure politique dont la voix devrait peser dans les multiples débats politiques à l’avenir.
Jeune Afrique : Vous êtes liée familialement au Cheikh Mae El Ainine, une figure anticoloniale du Sahara dont la biographie témoigne selon de nombreux historiens du rattachement ancien de la région au Maroc. On vous entend cependant peu évoquer le sujet. Ce dernier ne vous intéresse-t-il pas ?
Amina Mae El Ainine : Au contraire, d’origine sahraouie par mon père et soussie par ma mère, je suis très touchée par la question. J’ai de la famille qui vit à Tindouf et d’autres proches sont des « aïdine », des « revenus » au Maroc. Mon père était une personnalité du mouvement nationaliste dans le Sud, proche à la fois des confréries locales et de l’Istiqlal [le principal parti de la lutte pour l’indépendance].
La reconnaissance des particularités du Sahara et la promotion de la langue hassanie doivent aller de pair avec la stimulation d’un sentiment patriotique
Je pense que les efforts de l’État pour bâtir des infrastructures au Sahara sont une bonne chose. Je ne nie bien sûr pas l’intérêt de l’action diplomatique pour revendiquer la marocanité de la région, mais je crois que le travail sur place est primordial. Pour moi, la reconnaissance des particularités du Sahara et la promotion de la langue hassanie doivent aller de pair avec la stimulation d’un sentiment patriotique. Souvenons-nous de la Marche verte : quelques mots ont poussé des milliers de Marocains de tout le pays à marcher pour la cause nationale. C’est cet état d’esprit qu’il faut renouveler.
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