Le FMI s’inquiète de la croissance trop molle du Maghreb et du Moyen-Orient
Si la conjoncture mondiale freine la reprise dans les économies du Maghreb et du Moyen-Orient, selon les prévisions du FMI publiées le 28 octobre, des raisons plus locales comme les déficits, les dettes et la mauvaise gouvernance y contribuent aussi.
La croissance patine au Maghreb et au Moyen-Orient, si l’on en croit les prévisions et les analyses publiées par le Fonds monétaire international (FMI), lundi 28 octobre.
« Plusieurs forces impactent la région, explique Jihad Azour, directeur du Département Moyen-Orient et Asie centrale au Fonds. Les tensions commerciales mondiales ont des effets indirects et pas seulement pour les pays exportateurs de pétrole. Les grands partenaires commerciaux voient leur croissance faiblir et les effets non-maîtrisés du Brexit peuvent encore compliquer la situation. Les tensions géopolitiques et sociales émergent dans toute la région ».
La croissance des pays importateurs de pétrole faiblit donc de 4,3 % en 2018 à 3,6 % en 2019, le Pakistan et le Soudan connaissant un fort ralentissement. Celle des pays exportateurs tombe de 0,2 % à -1,3 % dans le même temps, notamment à cause des graves récessions de l’Iran sous l’effet des sanctions américaines et de la Libye en proie à la guerre civile.
Des investissements étrangers en berne
Les champions 2019 du dynamisme sont la Mauritanie (+6,6 %), Djibouti (+6 %) et l’Égypte (+5,5 %). Le Maghreb ne brille guère, avec une croissance relativement timide au Maroc (+2,7 %), en Algérie (+2,6 %) et en Tunisie (+1,5 %). Les pays malades sont sans surprise la Libye (-19,1 %), l’Iran (-9,5 %) et le Soudan (-2,6 %). Ceux qui sont les plus affectés par une inflation galopante sont le Soudan (+50,4 %), l’Iran (+35,7 %), le Yémen (+14,7 %) et l’Égypte (+11,4 %).
Le rapport du FMI se montre particulièrement inquiet de la situation des pays importateurs de pétrole. « Bien que des progrès aient été accomplis sur le front des réformes structurelles nécessaires pour remédier aux problèmes sociaux et économiques (Égypte, Mauritanie), le climat des affaires dans la région ne soutient pas la comparaison avec, par exemple, les pays similaires d’Asie de l’Est. En témoignent les investissements étrangers, qui, depuis la crise financière mondiale, sont moindres dans la région que dans d’autres économies émergentes ».
On lit encore : « La charge de la dette amassée depuis de nombreuses années devient écrasante et empêche de procéder aux investissements indispensables pour assurer l’avenir économique à long terme de la région ».
Qu’ils soient pétroliers ou non, que leurs économies semblent repartir ou pas, tous ces pays « ont une croissance insuffisante pour faire face à leur forte démographie, conclut Jihad Azour. Pour que leur économie gagne en vigueur, « ils doivent conduire des réformes structurelles pour améliorer leur climat des affaires et améliorer leur compétitivité. Leur dépense publique ne favorise pas suffisamment l’éducation et la protection sociale, ce qui, couplé avec une faible gouvernance et avec la corruption, provoque une vive défiance dans la population », estime-t-il.
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