Paradoxe

Publié le 21 juillet 2003 Lecture : 2 minutes.

Riche et neutre. Tels sont, dans l’imaginaire des gens, les qualificatifs qui collent le mieux à Genève. Riche, car haut lieu de banques où le secret est maître-mot. Et neutre, car la Confédération helvétique refuse de prendre part aux conflits de ce monde. Bref, à première vue, un havre de paix pour de richissimes hommes d’affaires préférant l’air des montagnes à celui de la mer bordant, par exemple, les côtes monégasques. Pourtant, Genève est le lieu qui a abrité la naissance d’une notion aujourd’hui sinon à la mode, au moins très répandue, le droit humanitaire international.

En 1859, à Solférino, en Italie, les armées autrichienne et française s’affrontent. Henry Dunant, un citoyen suisse venu pour affaires, constate que les services sanitaires des deux armées sont incapables de prendre en charge les milliers de soldats blessés. De retour chez lui, il lance un appel solennel, demandant la création, en temps de paix, de sociétés de secours dont le personnel infirmier serait prêt à soigner les blessés de guerre, et l’adoption d’un accord international pour que ces volontaires soient reconnus et protégés. Peu après, en 1863, Henry Dunant et cinq personnalités genevoises concrétisent cet appel et fondent le « Comité international de secours aux militaires blessés ». En octobre de cette année, seize États et quatre institutions philanthropiques se réunissent à Genève pour ratifier le cahier des charges de cette organisation qui prend alors le nom de « Comité international de la Croix-Rouge » (CICR). En 1864, à l’initiative du gouvernement suisse, la première Convention de Genève est signée : elle dicte les premiers principes du droit humanitaire. Après la Seconde Guerre mondiale, quatre nouvelles Conventions de Genève seront paraphées, destinées à renforcer la protection des populations civiles en temps de guerre.

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Le CICR est donc la première organisation internationale à avoir établi son siège à Genève, donnant alors à la ville son surnom de « Cité de la paix ». Il est vrai qu’en flânant sur les berges du lac Léman, bordé par les Alpes, on a du mal à imaginer la survenue de tumultes de quelque nature que ce soit. Des espaces verts à foison, des rues propres et calmes, des transports en commun ponctuels, autant d’éléments qui inspirent discipline et quiétude. Des arguments qui ont su séduire les différentes agences onusiennes venues installer leur siège dans la forêt encadrant la route de Ferney. Mais l’arrivée de l’organisation humanitaire Oxfam semble rappeler à tous que c’est une « consoeur » non gouvernementale qui a ouvert la voix à l’internationalisme de Genève. Un internationalisme qui visait à s’occuper, avant tout, des moins bien lotis.

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