[Tribune] Un « Grand Katanga » développé pour une RDC plus forte

Plus de 450 personnes originaires de l’ancienne province du Katanga se sont retrouvées, ce 21 octobre, à Kinshasa, autour du Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Une rencontre qui avait pour objectif de placer les acteurs provinciaux et territoriaux au centre du développement économique et social de la République démocratique du Congo (RDC).

Dans les rues de Lubumbashi, le chef-lieu de la province du Haut-Katanga., le 6 août 2018. © DR

Dans les rues de Lubumbashi, le chef-lieu de la province du Haut-Katanga., le 6 août 2018. © DR

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Publié le 30 octobre 2019 Lecture : 3 minutes.

Plus de 450 personnes, ayant en commun d’être toutes originaires de l’ancienne province du Katanga [scindée depuis 2015 en quatre nouvelles provinces : Haut-Katanga, Haut-Lomami, Lualaba et Tanganyika, ndlr], représentantes de toutes les sensibilités politiques du pays, se sont retrouvées à Kinshasa autour du Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Une rencontre organisée dans le cadre de l’Espace katangais, qui regroupe et coordonne toutes les initiatives associatives de la société civile de la région du « Grand Katanga ».

Cette réunion fut d’abord une manifestation d’attachement. Attachement à la préservation de l’unité humaine, culturelle et sociologique du « Grand Katanga », fondé sur les valeurs ancestrales communes et qui, bien que divisé en quatre provinces distinctes depuis du démembrement constitutionnel de 2015, reste une réalité à laquelle nous sommes sont particulièrement attachés. Ce fut également un événement d’engagement d’hommes et de femmes de bonne volonté du Katanga en faveur du développement de leurs provinces et de leur pays, convaincus que la République ne peut être forte que si elle est bâtie sur des provinces développées.

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Richesses minières

Notre pays est à l’échelle géographique et humaine d’un sous-continent. Nos défis sont bien trop grands pour trouver des solutions à travers un centralisme inopérant. L’État n’a pas les moyens d’administrer tous les aspects de la vie des territoires et devrait bien plus se recentrer sur ses missions régaliennes et réaliser sa mission de stratège pour laisser aux forces territoriales, politiques et civiles, le soin d’apporter les réponses aux besoins exprimés sur le terrain.

Le Katanga, pour tous les Congolais, mais aussi pour le monde, constitue une zone particulière en raison notamment de ses richesses minières. Pourtant le Katanga, avant de devenir le coffre-fort de la planète, était jusqu’au début du 20ème siècle avant tout agricole.

La mine de cuivre Frontier à Sakania, à la frontière avec la Zambie, à l'extrême sud-est de la province minière du Katanga, en République démocratique du Congo. © Gwenn Dubourthoumieu pour Jeune Afrique

La mine de cuivre Frontier à Sakania, à la frontière avec la Zambie, à l'extrême sud-est de la province minière du Katanga, en République démocratique du Congo. © Gwenn Dubourthoumieu pour Jeune Afrique

Ambitions prédatrices

C’est pourquoi, nous avons tenu à rappeler au Premier ministre que si les richesses minières pouvaient être considérées comme un don, elles n’avaient pas assuré le développement durable du pays. Dans les faits, elles ont plutôt bridé son développement en faisant de nous les otages des ambitions prédatrices des puissances étrangères, que nous avons payées par une conflictualité effrayante dont nous avons été et sommes encore les victimes à l’Est. Elles nous ont également maintenus dans l’illusion que la rente suffirait pour l’éternité à couvrir tous nos besoins et nous ont ainsi détournés d’un effort durable et patient, dans la construction d’une société développée, notamment agricole, qui devrait aujourd’hui permettre à la République démocratique du Congo (RDC) de nourrir tous ses enfants, voire ses frères.

La RDC n’a pas les moyens de devenir une « usine du monde », mais il serait bon qu’elle soit déjà partiellement celle de ses dizaines de millions habitants

Nous lui avons aussi fait part de nos priorités en matière de développement des infrastructures – comme la voie fluviale du fleuve Congo qui prend sa source au Katanga, ou de l’interconnexion ferrée avec l’Angola pour aboutir à Lobito sur la façade atlantique – qui sont indissociables de toute volonté de développement.

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Vision commune du développement

Enfin, nous avons rappelé que le « Grand Katanga » était maillé d’un tissu de PME industrielles jusque dans les années 1980 et que rien n’empêchait leur réinstallation. Bien sûr, la RDC n’a pas les moyens de devenir une « usine du monde », mais il serait bon qu’elle soit déjà partiellement celle de ses dizaines de millions habitants, plutôt que de n’être que le marché de tous ses voisins. Ce ne sera cependant possible qu’avec une politique industrielle de protectionnisme intelligent, nécessairement réaliste et courageuse, malgré les intérêts qui seront inévitablement remis en cause. Cela aussi, c’est parler d’unité, pour faire en sorte que tous, dans la République, adhèrent à une vision commune du développement, plutôt que de vivre une fragmentation d’intérêts concurrents au sein de l’espace national.

Ces priorités, si on se contente de changer les noms des lieux, sont en fait celles de toute la RDC, voire du continent tout entier. C’est pourquoi, nous avons appelé toutes les communautés à enclencher des dynamiques comparables à la nôtre pour contribuer auprès des responsables politiques à l’émergence des besoins de nos provinces. C’est notre promesse et notre engagement à donner vie à la décentralisation et à promouvoir la démocratie locale pour aider le gouvernement à créer une RDC véritablement souveraine et solidaire.

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