L’intifada au quotidien

Théodora Oikonomides raconte son expérience à Ramallah, dans une ONG palestinienne. Voyage au coeur d’une tragédie.

Publié le 21 juillet 2003 Lecture : 2 minutes.

De son expérience d’expatriée en Palestine, Théodora Oikonomides, engagée par une ONG palestinienne en septembre 2000 à Ramallah, a choisi de nous livrer son témoignage « à chaud » sans fioriture, ni compassion. Son parti pris a justement été de ne pas prendre parti, ni pour Israël, ni pour la Palestine. Cette jeune Gréco-Canadienne de 29 ans a vécu plus de deux ans au coeur de la tourmente palestinienne au moment de la recrudescence des violences.
« C’est devenu une habitude. Nous allons faire les courses : quatre cents personnes font la queue à la boulangerie du quartier, dont les gens repartent avec huit kilos de pain. » Ces détails saisissants de la vie sous occupation ponctuent son récit et nous transportent dans un univers où l’absurde devient monnaie courante. Ainsi, la directrice d’une école évangélique relate le passage de soldats israéliens dans la cour de récréation : « Quand je ramasse dans la cour de l’école des douilles de balles de M16 et de mitrailleuse, c’est pour m’apercevoir que l’une d’entre elles est régulièrement fendillée. L’explication ? Elle est simple : les balles dum-dum sont des balles qui explosent quand elles touchent leur cible, et leur utilisation est interdite par la convention de Genève. Mais si vous prenez une balle normale et que vous la fendez en quatre, l’effet sera le même, et la légalité sauve. »
Le système des couleurs de papiers d’identité octroyant ou non le passage à leurs détenteurs, la pression exercée heure après heure sur le peuple palestinien, l’absurdité des règles de circulation entre zones occupées et libres, autant d’éléments vécus qui donnent à ce témoignage un caractère plus frappant que n’importe quelle image photographique ou télévisée.
Théodora Oikonomides expose les multiples formes de discrimination subies par les Palestiniens et ce qu’elle appelle « la distorsion de l’espace-temps » : « Quand on met des heures et des heures à traverser la Cisjordanie, dont la superficie n’est pas celle de la Seine-et-Marne [département français d’une superficie de 5 915 km2, NDLR]. » Chaque nouveau chapitre nous conduit un peu plus près du coeur du conflit, au sein des conversations, sans une once de misérabilisme. L’auteur a d’ailleurs fait le choix de conserver le vocabulaire lié à l’Intifada (littéralement « soulèvement » en arabe) dans ses langues d’origine, hébreu et arabe, ce qui permet au lecteur de s’immiscer plus facilement dans le quotidien des habitants de Ramallah et de tous les Territoires occupés. Cette jeune écrivain a su relater avec justesse et réalisme l’atmosphère de la seconde Intifada et nous transporte dans une tragique aventure humaine.

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