Liberté, égalité, natalité

Une étude récente révèle les différents comportements démographiques des communautés vivant dans l’Hexagone.

Publié le 21 juillet 2003 Lecture : 3 minutes.

Les comportements démographiques sont parmi les meilleurs indicateurs de l’état des sociétés. Si l’Afrique subsaharienne continue à enregistrer des taux de natalité records, c’est, en grande partie, parce que la mortalité infantile y reste très élevée. On fait un maximum d’enfants pour être sûr d’en conserver quelques-uns vivants. Dans des pays où les systèmes de retraite sont quasiment inexistants, une progéniture nombreuse est aussi la meilleure des assurances vieillesse.
La chute de la natalité au Maghreb confirme a contrario ce postulat. Au Maroc, en Algérie, en Tunisie, la fécondité, c’est-à-dire le nombre d’enfants par femme, a baissé très rapidement au cours des dernières décennies, pour s’établir à un peu plus de 2, contre 5 ou 6 trente ans auparavant. Quelles que soient les différences entre les trois pays – en Tunisie, notamment, la législation est beaucoup plus favorable aux femmes -, ceux-ci ont connu des évolutions sociales comparables. La généralisation de la scolarisation des filles, l’essor du travail féminin, l’augmentation de l’âge au mariage ont contribué à faire chuter le nombre des naissances.
En France, où les enquêtes démographiques sont très poussées, on dispose d’indications intéressantes sur le comportement des différentes catégories de population selon leur origine. Une étude récente de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) donne les dernières tendances en la matière(*).
En 1998-1999, avec 2,8 enfants par femme, l’indice de fécondité des étrangères reste sensiblement plus élevé que celui des Françaises, qui est de 1,72 (voir le tableau ci-contre). Mais le mouvement est le même pour les deux groupes. Les naissances ont fortement chuté au cours des années 1980, avant de se stabiliser lors de la décennie suivante.
C’est chez les Africaines subsahariennnes qu’on trouve toujours la fécondité la plus élevée : 4,07 enfants. Elle a néanmoins diminué de 14 % dans les années 1990. Évolution différente pour ce qui est des Maghrébines de France : la baisse de la fécondité avait été très rapide entre 1981-1982 et 1989-1990 (de 4,63 à 3,42) ; elle a été très modeste dans la période suivante, au terme de laquelle, en 1998-1999, elle s’établit à 3,25.
Résultat, les Tunisiennes, pour prendre cet exemple, font désormais plus d’enfants (3,29 par femme) en France que dans leur pays d’origine (2,2). L’étude de l’Insee ne donne pas d’explication. Mais, qu’il s’agisse de la fiscalité, des prestations sociales, des équipements collectifs, etc., la natalité reçoit plus d’encouragements au nord de la Méditerranée. Cela doit probablement jouer.
De façon générale, le comportement démographique des étrangères a tendance, avec le temps, à s’aligner sur celui des Françaises. Plus l’immigration est ancienne, moins elles font d’enfants. En 1998-1999, le taux de fécondité des Tunisiennes est de 2,66 pour celles arrivées entre 1980 et 1989 contre 4,46 pour celles arrivées au cours de la décennie suivante. L’évolution est similaire dans toutes les communautés. Sauf chez les Italiennes : dans leur pays d’origine, le taux de fécondité est tellement bas (1,23) que les dernières arrivées en France font moins d’enfants (1,98) que celles qui sont plus anciennement installées (2,15).
Comme les « autochtones », les femmes d’origine étrangère deviennent également mères plus tard qu’auparavant. Au cours de la décennie 1990, l’âge moyen de la maternité est passé de 28,2 à 29,3 ans chez les Françaises et de 28,7 à 29,2 ans chez les étrangères.
Dernière série d’informations : les naissances hors mariage. Elles restent nettement moins fréquentes chez les mères étrangères : 23 % contre 44 % pour les Françaises. Mais elles ont connu une forte augmentation, surtout pendant la décennie quatre-vingt, où elles étaient passées de 9 % à 16 %. Les Subsahariennes détiennent la palme en la matière : 39 % de naissances hors mariage, alors que, à l’inverse, les Maghrébines (15 %) et les Turques (5 %), islam oblige, sont les plus réticentes.

* « La fécondité des étrangères en France », par Françoise Legros, Insee Première, n° 898, mai 2003.

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