Les voies du futur ?

Services financiers, horlogerie de luxe, tourisme d’affaires restent des secteurs clés. Mais la ville souhaite mettre l’accent sur la diversification…

Publié le 21 juillet 2003 Lecture : 4 minutes.

Certes, la réputation de Genève doit beaucoup aux performances des banques privées – la ville abrite cinquante-quatre établissements suisses et cent huit étrangers, et gère, selon les spécialistes, 55 % des 2 000 milliards d’euros fructifiant depuis le pays – et de l’horlogerie de luxe, du tourisme de congrès, voire de la chimie et de la mécanique de précision. Mais dans son bureau de l’Office de promotion économique genevoise, situé au coeur de la vieille ville, le conseiller aux entreprises Daniel Loeffler aimerait bien faire passer un nouveau message et pondérer ces clichés : pour lui, un Produit intérieur brut de 22 milliards de francs suisses (plus de 14 milliards d’euros) en 2002 et un secteur tertiaire hypertrophié (84 %) montrent bien que si Genève est prospère, c’est grâce à un plus large échantillon de « branches à succès ».
Selon le jeune conseiller, il faudra dorénavant également compter avec les technologies de l’information et « les sciences de la vie ». « L’air de rien, la Suisse se bâtit des compétences dans certains domaines très pointus, insiste une enquête publiée dans L’Année de l’entreprise. Il y a évidemment les biotechnologies et les technologies médicales, qui suscitent d’ailleurs l’engouement du monde politique. Notamment parce qu’elles correspondent à l’image de la Suisse – hygiène, propreté – et à ses compétences historiques – secteur de la santé développé, industrie pharmaceutique très forte. Deuxième domaine où la Suisse peut tirer profit de sa base industrielle : la nanotechnologie, qui a des applications dans quasiment tous les secteurs. »
L’Office de promotion économique cherche aujourd’hui à faire reconnaître davantage deux entreprises locales travaillant dans les arômes et produits dérivés, et leaders mondiaux sur leur marché : Givaudan, présente dans cinquante pays, et Firmenich, numéro deux, possédant cinquante sociétés réparties dans trente-trois pays, de la Colombie à la Chine. Ailleurs, on souligne le dynamisme des start-up de Suisse romande, qui parviennent à se faire une place malgré une situation économique morose, et la frilosité dont font preuve les investisseurs et banquiers privés de la Confédération. Elles travaillent dans la biomédecine, l’informatique, l’intelligence artificielle… des terrains d’exploration qui ont été largement présentés au grand public lors de l’exposition nationale suisse Expo 02. Ne leur reste qu’à trouver des partenaires nationaux ou étrangers, le plus souvent américains ou japonais, généralement plus prompts à répondre à ces attentes.
Autre domaine d’avenir : la sécurisation des échanges sur Internet. Le processus a été lancé par l’installation à Genève, en février 2002, du siège européen de VeriSign, numéro un mondial en la matière. Le marché de la « e-sécurité » a d’ailleurs doublé en deux ans. Il faut dire que la demande est énorme de la part des banques, du secteur financier en général, et des milieux diplomatiques internationaux. Même constat pour ce qui concerne les applications militaires de l’encryptage des données.
En attendant, la municipalité continue de miser sur ses centres d’affaires internationaux, dont la qualité est vantée dans le monde entier. « Cité des services, Genève est aussi l’un des centres mondiaux du négoce international, précise un responsable de la ville. Groupes pétroliers, grands céréaliers, négociants de matières premières, plus de deux cents sociétés y ont basé le siège de leurs opérations internationales. » Principal enjeu : assurer leurs marchés en Afrique, en Europe, au Moyen-Orient ou en Asie. « La ville abrite aujourd’hui les quartiers généraux EMEA (Europe, Middle East and Africa) et Asie de nombreuses multinationales », confime Daniel Loeffler. Les compagnies Hewlett Paccard, Cargill, Caterpillar, DuPont de Nemours, Gillette, Petroconsultant, Procter & Gamble, par exemple, ont installé à Genève leur siège européen. Dernier arrivé, Ralph Lauren a inauguré le 20 juin dernier ses bureaux aux environs de l’aéroport international de Cointrin. Force est de constater que les entreprises américaines tiennent le haut du pavé. Pour Carlo Lamprecht, chef du département de l’économie du canton de Genève, leur intérêt doit beaucoup à « l’esprit protestant » de la ville. Et son succès ne fait pas de mystère : « Les Suisses travaillent dur, plus longtemps que les Européens. La conscience professionnelle représente toujours une part importante de notre culture. » La présence de quatre-vingt-onze consulats étrangers, de cent soixante missions auprès des Nations unies et d’un nombre croissant d’organisations intergouvernementales apporte également un volume d’affaires important. Les organisations internationales dépensent chaque année environ 3 milliards d’euros à Genève. Des retombées très positives pour la Suisse tout entière, qui se hisse au sixième rang des fournisseurs de l’ONU en produits et services, sur un marché annuel total dépassant les 5 milliards de dollars (4,4 milliards d’euros).
Enfin, Genève reste très dépendante de l’horlogerie de luxe (Rolex, Pateck-Philippe, Piaget, Vacheron & Constantin, Frank Muller…). Avec la bijouterie, celle-ci assure plus de 48 % des marchandises exportées, devant la chimie (19,3 %). Mais les statistiques cantonales du commerce extérieur ne prennent en compte ni l’activité des diamantaires genevois, ni la vente des métaux précieux, gemmes, objets d’art et antiquités. Dans ce secteur encore, les affaires conclues peuvent atteindre des sommes astronomiques, la ville étant l’une des principales plaques tournantes du marché de l’art en Europe. D’ailleurs, les sociétés Sotheby’s et Christie’s s’y sont installées. La seconde depuis 1968.

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