Barrage Inga III : un rapport évoque des tensions au sein du consortium chargé du projet
Un rapport publié lundi 28 octobre par l’ONG Resource Matters et le Groupe d’étude sur le Congo fait état de tensions entre les deux groupements, l’un chinois, l’autre européen, qui se sont vu attribuer le développement du mégaprojet du barrage Inga III sur le fleuve Congo. La composition du consortium est en jeu.
C’est un nouveau rebondissement dans la longue histoire du barrage Inga III. L’ONG belge Resource Matters et le Groupe d’étude sur le Congo (GEC), centre de recherche rattaché à l’université de New York, ont publié lundi 28 octobre un rapport révélant l’existence de tensions entre les deux groupements choisis par le gouvernement congolais en octobre 2018 pour développer le projet estimé à 14 milliards de dollars (12,1 milliards d’euros) : « L’existence même du consortium se trouve menacée car les deux parties ne parviennent pas à s’accorder sur les éléments essentiels », soulignent les auteurs du rapport.
Leur déclaration se fonde sur une lettre datée du 20 septembre envoyée à l’Agence pour le développement et la promotion du projet grand Inga (ADPI), en charge du chantier, par China Three Gorges International Corporation, géant qui conduit le groupement d’entreprises chinoises.
Dans cette lettre (reproduite dans le rapport), le groupe, gestionnaire du gigantesque barrage des Trois-Gorges en Chine, pointe deux principaux points de désaccord entre lui et l’autre membre du consortium, l’européen ProInga.
Conflit sur la répartition des parts au sein du consortium
Ce dernier, conduit par Cobra Instalaciones y Servicios, filiale du groupe de BTP espagnol ACS, compte aussi le fabricant allemand de turbines Andritz et le spécialiste de l’énergie espagnol AEE Power, entre autres.
La première pomme de discorde porte sur la façon de conduire le projet visant à construire un barrage d’une capacité de 11 000 mégawatts sur le fleuve Congo. Les Chinois souhaitent le mener d’un seul bloc quand les Espagnols préfèreraient procéder en deux temps, en séparant la phase préliminaire de conception de celle de réalisation.
Un tel différend ouvre une nouvelle porte à tous ceux qui sont contre la manière dont ADPI gérait ce projet
Le second point d’achoppement concerne la répartition des parts au sein du consortium unique que sont censés former, à la demande du gouvernement congolais, les deux groupements.
Un appel au président Félix Tshisekkedi
« Un tel différend vient confirmer nos craintes sur la manière dont le projet est conduit et ouvre une nouvelle porte à tous ceux qui sont contre la manière dont ADPI gérait ce projet », commentent les auteurs du rapport. Ils appellent le nouveau pouvoir, en place depuis l’élection de Félix Tshisekedi fin 2018, à « rouvrir totalement le dossier de Inga III aussi bien au niveau de sa capacité que des investisseurs ».
Sollicitée par Jeune Afrique, l’ADPI n’a pas apporté de réaction avant la publication, ne se prononçant ni sur l’existence de tensions au sein du consortium, ni sur le fait d’avoir reçu la lettre de China Three Gorges International Corporation.
Interrogé sur le sujet, un bon connaisseur du dossier a minimisé la portée d’éventuelles tensions, soulignant qu’elles semblent normales dans le cadre de négociations sur un projet d’ampleur comme celui d’Inga III.
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