Il est bon, le café ?

Publié le 21 juillet 2003 Lecture : 2 minutes.

Une collègue vient d’inventer une machine à mesurer la force du café. C’est du charabia, je vous l’accorde, mais j’essaie de traduire comme je le peux le nom triomphant qu’elle a donné à sa machine : « The Coffee Strength Gauge ».
– Ça sert à quoi, Debbie ? Ça marche comment ?
Elle me montre l’objet. Il s’agit d’une espèce de montre-poignet équipée d’un capteur et d’une minuscule diode. Elle explique, toute fière :
– Que de fois n’est-on pas obligé de boire un café infâme, par politesse, parce qu’on l’a accepté sans savoir s’il était correctement fait ? Avec ma « Coffee Strength Gauge », il suffit de promener négligemment son poignet au-dessus de la tasse, une petite lumière s’allume s’il est OK. Sinon, on peut le refuser avec un sourire je ne bois jamais de café ») et personne n’est vexé.
– Mais qu’est-ce qu’un bon café ?
– Chacun peut paramétrer la « Strength Gauge » comme il l’entend. Il suffit d’appuyer sur ce bouton-là (geste) au-dessus du café idéal, préparé chez soi, et qui sert alors de norme. Arrête de me regarder avec ton air ahuri, tout cela est très sérieux. Il y a des contrats de plusieurs millions de dollars qui ont capoté à cause d’une tasse pas bue.
– Et des guerres ont éclaté à cause d’un moka trop serré, je suppose.
– Absolument. T’as qu’à lire les livres d’histoire.
Et elle file vers le bureau des brevets pour enregistrer son invention, dont elle espère des retombées mirifiques, en dollars ou en euros.
Ce qui m’incite à me poser des questions graves. Où va le monde ? À la plage, bien sûr, mais encore ? Sommes-nous devenus tellement riches que nous en serons bientôt à porter des montres-à-tester-le-café avant même de le boire ? Voulons-nous vraiment que la machine remplace nos papilles gustatives ? Car, soyons logique, si le bidule teste, pourquoi pas un autre bidule qui boit et un troisième qui couine : « Fameux, cet espresso » ? Où s’arrêtera la substitution de l’artefact à la Nature ? À quand Bidule Ier, roi des automates, pour résoudre la question politique ? Maintenant que j’y pense, les Japonais n’ont-ils pas déjà inventé un bébé virtuel qu’il faut dorloter à heures fixes sur un mini- ordinateur ? Et Sony ne commercialise-t-il pas depuis plusieurs années un petit chien en acier inoxydable qui remue la queue et qui fait ouah-ouah ?
Contre l’invasion des machines, il faut organiser la résistance. Cet été, faites comme moi, retournez à la nature : passez les vacances chez les nudistes, buvez l’eau du ciel et croquez des sauterelles !

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