Tunisie : Kaïs Saïed dévoile les premiers noms de ses conseillers

Une semaine après son investiture, mercredi 23 octobre, le président Kaïs Saïed a désigné les premiers membres de son cabinet, avec un fort accent mis sur la diplomatie.

Kaïs Saïed à Tunis, dimanche 13 octobre 2019, au soir du second tour (image d’illustration). © Ons Abid

Kaïs Saïed à Tunis, dimanche 13 octobre 2019, au soir du second tour (image d’illustration). © Ons Abid

Publié le 31 octobre 2019 Lecture : 3 minutes.

Depuis sa prise de fonction à Carthage, le président de la République enchaîne les rencontres, notamment avec les forces politiques du pays. Il n’en a pas moins pris le temps d’organiser son premier cercle, dont les noms ont été annoncés officiellement le 30 octobre – avec prise de fonctions immédiate.

Ces nominations, sans surprises pour ceux qui connaissent l’environnement du nouveau président, confirment qu’il accorde sa confiance à ses compagnons de route et des personnes dont il a éprouvé la fidélité – et la discrétion – notamment au cours de la campagne présidentielle. Les désignations ont néanmoins été élaborées « conformément aux normes de compétence et de professionnalisme, afin de préserver la neutralité de la présidence », affirme un communiqué du palais.

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Tropisme arabe

À la tête du cabinet présidentiel, on retrouve Tarek Bettaïeb. Ancien ambassadeur à Téhéran, il a aussi dirigé jusqu’en 2014 la mission diplomatique tunisienne à Abou Dhabi, au Caire, à Jakarta ainsi qu’en Libye. Ce diplomate de carrière est d’ailleurs un spécialiste de la crise libyenne, ayant conduit plusieurs délégations nationales à l’occasion de réunions internationales sur le sujet.

Après le départ du ministre des Affaires étrangères, Bettaïeb aura vraisemblablement un rôle important à jouer en matière diplomatique

Sa nomination est conforme au règlement intérieur du ministère des Affaires étrangères, qui stipule que les chefs de mission diplomatique à l’étranger peuvent être rappelés pour des missions déterminées. En attendant la mise en place d’une nouvelle équipe gouvernementale, et après le départ du ministre des Affaires étrangères, il aura vraisemblablement un rôle important à jouer en matière diplomatique.

Le chef de l’État, à qui la Constitution confie le haut commandement des forces armées, a également fait du général de brigade Mohamed Salah Hamdi son conseiller à la sécurité nationale. Cet ancien chef d’état-major de l’Armée de terre, qui a quitté ses fonctions à la Défense en 2014, a été attaché militaire en Libye en 2011, avant de succéder en 2013 au général Rachid Ammar.

Diplomatie

Kaïs Saïed semble faire de la diplomatie, qui est avec la sécurité nationale l’une des prérogatives du président de la République, une priorité de son début de mandat, puisqu’il a désigné aussi le diplomate Tarek Hannachi à la tête du protocole. À ce poste, il pourra s’appuyer sur son expérience de terrain à Benghazi et à Alger, ainsi qu’au cabinet du ministre des Affaires étrangères.

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Mais c’est la nomination d’un autre diplomate, Abderraouf Bettaïeb, au rang de ministre conseiller au cabinet présidentiel, qui a surtout attiré l’attention. Formé en droit international, il a occupé différents postes diplomatiques à La Haye et au Caire, avant d’être chargé en 1992 de la collaboration avec la Banque mondiale. Consul de Tunisie à Djeddah, en Arabie saoudite, il a fait un passage par Tunisair, avant de réintégrer les Affaires étrangères et de devenir ambassadeur à Budapest (Hongrie) de 2013 à 2015. Connu pour sa proximité avec le président, sa nomination était un secret de polichinelle, puisqu’il a participé à la plupart des entretiens que Kaïs Saïed a accordés depuis son entrée en poste.

Dossiers prioritaires

Parmi les nouveaux collaborateurs officiels du président se trouvent également deux femmes. Rachida Ennaifer, tout d’abord, qui sera chargée de la communication du palais. Cette ancienne journaliste et enseignante à la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis et à l’Institut de presse et des sciences de l’information (Ipsi) connaît le président de longue date. Elle est réputée pour ses prises de position sans concessions, qui lui ont notamment valu de claquer en 2015 la porte de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica).

Ce premier socle de nominations sera étoffé dans les jours à venir, avec la nomination de conseillers et d’un chargé des affaires politiques

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Pour veiller au respect de la Constitution, Nadia Akacha, docteure en droit public, spécialiste du droit constitutionnel, prend quant à elle la direction du département des affaires juridiques à la présidence. Cette jeune femme est aussi connue sur la scène internationale, notamment en Europe, pour sa participation en 2011 et 2014, en tant qu’analyste juridique puis conseillère, à la Mission d’observation électorale de l’Union européenne en Tunisie (MOE-UE). Comme Kaïs Saïed, elle est membre de l’Association tunisienne de droit constitutionnel. Parmi ses dossiers prioritaires figurera notamment celui, épineux, de la mise en place de la Cour constitutionnelle.

Ce premier socle de l’équipe sera étoffé dans les jours à venir, notamment avec la nomination de conseillers, mais également d’un chargé des affaires politiques. La désignation, mercredi 30 octobre, de nouveaux ambassadeurs à Alger, Doha, Moscou et Islamabad a par ailleurs confirmé la volonté de placer ce début de quinquennat sous le signe de l’action diplomatique.

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