Algérie : les tribunaux paralysés, des verdicts repoussés

Les tribunaux algériens étaient toujours à l’arrêt mercredi, au quatrième jour d’une grève illimitée des magistrats, entraînant notamment le report du nouveau verdict d’un procès de manifestants et leur maintien en détention.

Un tribunal à Alger (image d’illustration). © Louiza Ammi

Un tribunal à Alger (image d’illustration). © Louiza Ammi

Publié le 31 octobre 2019 Lecture : 2 minutes.

« Aucune avancée n’a été enregistrée » lors d’une rencontre mardi entre une délégation syndicale et le ministre de la Justice et « la grève se poursuit », a expliqué Saadedine Merzoug, porte-parole du Club des magistrats, un syndicat non enregistré, né dans la foulée du hirak, mouvement inédit de protestation dont l’Algérie est le théâtre depuis le 22 février.

Mercredi, des dizaines de parents et proches ont réclamé, devant le tribunal du quartier algérois de Bab el-Oued, la libération de cinq manifestants, transférés de prison pour entendre le verdict de leur procès pour « atteinte à l’intégrité du territoire », un crime passible de dix ans de prison. « Il n’y a pas eu de verdict. Les cinq détenus ne sont pas même pas sortis du fourgon », a déclaré Me Leila Djardjar.

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Le parquet a requis dix-huit mois de prison contre les cinq accusés, qui sont en détention préventive depuis leur arrestation en juin à Alger pour avoir contrevenu à l’interdiction de porter le drapeau amazigh (berbère) lors d’une manifestation hebdomadaire du hirak. Six autres manifestants faisant l’objet de poursuites similaires mais qui sont jugés par un autre tribunal algérois, ont aussi été ramenés en prison mardi, aucun juge n’étant présent pour prononcer le verdict.

3 000 mutations

Quatre manifestants, arrêtés le 24 octobre à Alger lors d’une marche d’avocats réclamant l’indépendance de la justice, ont en revanche bénéficié de cette grève et ont été remis en liberté par la police mardi, faute de pouvoir être présentés au parquet, a indiqué le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

Les magistrats ont entamé dimanche une grève inédite dans un corps réputé longtemps docile à l’égard du pouvoir. Une partie de la magistrature s’était jointe à la contestation aux premiers mois du hirak, mais la justice avait été depuis reprise en main par le pouvoir, incarné par le haut commandement militaire depuis la démission, sous la pression de la rue, du président Abdelaziz Bouteflika début avril.

Une centaine de manifestants, militants et journalistes ont notamment été placés en détention préventive depuis juin, simplement pour avoir arboré un drapeau berbère ou pour des publications sur les réseaux sociaux.

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La grève a été lancée par le Syndicat national des magistrats (SNM), proche du pouvoir durant les vingt ans de présidence Bouteflika. Les magistrats protestent contre la « mainmise du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire », après la décision du ministère de la Justice de muter environ 3 000 d’entre eux – soit la moitié du corps de la magistrature, selon une source syndicale.

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