Fin de partie ?

Le président el-Béchir et le chef rebelle John Garang devraient, à la faveur d’un « coup de pouce » américain, revenir à la table des négociations.

Publié le 21 juillet 2003 Lecture : 3 minutes.

Lors de leur dernière rencontre à Nairobi, le 2 avril, le président soudanais Omar Hassan el-Béchir et le chef rebelle sudiste John Garang avaient émis l’espoir de pouvoir signer un accord de paix mettant fin à près de vingt ans de guerre avant la date limite du 30 juin.
Ce délai s’est révélé artificiel. Censé être le dernier, le sixième round des négociations, qui s’est déroulé du 6 au 12 juillet à Nakuru (Kenya), n’a pas abouti à un accord final.
Les deux parties ont campé sur leurs positions sur les questions clés du partage du pouvoir, des ressources pétrolières, des dispositions de sécurité et du statut de la capitale. C’est alors que le général Lazaro Sumbeiywo, le médiateur kényan qui préside ces négociations menées dans le cadre de l’Inter-Governmental Authority on Development (Autorité intergouvernementale pour le développement, groupement régional comprenant le Soudan, le Kenya, l’Ouganda, la Somalie, Djibouti, l’Érythrée et l’Éthiopie), a remis aux deux délégations un « document de travail » comportant les propositions de son équipe pour sortir de l’impasse.
À la demande de Sumbeiywo, les détails du document de travail n’ont pas été rendus publics. Mais l’on sait que, parmi les propositions qui sont rejetées par Khartoum, figurent le maintien de deux armées (gouvernementale dans le Nord et « rebelle » dans le Sud), un gouvernement formé par le Mouvement populaire pour la libération du Soudan (MPLS), qui aurait un pouvoir absolu dans le Sud et disposerait d’une Banque centrale, et un vice-président MPLS dans le gouvernement de Khartoum qui aurait un droit de veto sur les décisions du chef de l’État. Autre point litigieux : la loi islamique ne devrait pas être appliquée dans la capitale, Khartoum, alors même que le gouvernement avait auparavant convenu qu’elle ne le serait que pour les musulmans, dans le cadre de la liberté religieuse, à Khartoum comme ailleurs. Ces dispositions, censées s’appliquer durant la période transitoire de six ans au bout de laquelle les populations du Sud se prononceraient par référendum sur leur maintien ou non au sein d’un Soudan uni, relèvent davantage du système confédéral que fédéral.
Alors que le mouvement de Garang a aussitôt accepté le document en tant que base de discussion, le gouvernement soudanais l’a catégoriquement rejeté. Le document, disent les responsables soudanais, est conçu de façon telle que le pays aura deux administrations durant la période transitoire de six ans, ce qui est contraire au principe de l’unité du pays, proclamé dans l’accord-cadre de paix signé à Machakos (Kenya) en juillet 2002 entre le gouvernement et le MPLS. Béchir estime que le document livre à John Garang la totalité du Sud et la moitié du nord du pays, et favorise la sécession. Reprenant une expression courante dans le monde arabe, le président soudanais s’est exclamé à propos de ce document : « qu’ils [les médiateurs] le trempent et boivent son eau ».
Raidissement de fin de partie ou détermination de Khartoum à ne pas aller au-delà de la ligne rouge consistant à ne pas signer un accord qui favoriserait la sécession par l’instauration d’un système confédéral ? Sans doute les deux à la fois.
C’est maintenant au tour de Washington, qui a orienté, en coulisse, les négociations en obtenant un cessez-le-feu en vigueur depuis octobre 2002 et une amélioration des conditions dans l’acheminement des aides humanitaires, d’intervenir pour débloquer la situation. John Danforth, le représentant du président américain Georges W. Bush pour le Soudan, est arrivé à Khartoum le 16 juillet. Danforth a demandé à el-Béchir et à John Garang de se rencontrer sur la base de nouvelles propositions. Les négociations devraient donc reprendre le 23 juillet. L’Égypte (visitée le 15 juillet par Danforth) a demandé que la proposition d’accord soit davantage « équilibrée ». Lazaro Sumbeiywo s’empressant de préciser que ce document ne constituait qu’une base de travail.

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