RDC – Moïse Katumbi : « Depuis que j’ai quitté son camp, je n’ai pas discuté avec Joseph Kabila »

De retour d’une tournée dans les provinces de l’Est de la RDC, l’opposant Moïse Katumbi livre sa vision de la stratégie que l’opposition doit désormais déployer. Peu avare de critiques à l’égard du nouveau pouvoir de Félix Tshisekedi et de son prédécesseur Joseph Kabila, il ne cache pas non plus ses divergences de fonds avec ses alliés rassemblés au sein de Lamuka, de Jean-Pierre Bemba à Martin Fayulu.

Moise Katumbi, le 28 mai 2019, à l’Hotel Conrad, Bruxelles. © Johanna de Tessières/ Collectif Huma pour JA

Moise Katumbi, le 28 mai 2019, à l’Hotel Conrad, Bruxelles. © Johanna de Tessières/ Collectif Huma pour JA

Publié le 4 novembre 2019 Lecture : 7 minutes.

Goma, Béni, Butembo, Bukavu, Bunia et, enfin, Kindu, samedi 2 novembre. Tout au long des étapes de son « safari » dans les provinces de l’Est, Moïse Katumbi a multiplié les attaques contre le pouvoir en place à Kinshasa. Sécurité, éducation, corruption, infrastructures, attractivité économique… L’opposant congolais n’a pas mâché ses mots lors de meetings auxquels se sont pressés chaque fois plusieurs milliers de personnes.

Mais devant ses partisans, celui qui se définit comme un « opposant constructif et exigeant » s’est montré sensiblement moins prolixe sur les dissensions qui traversent l’opposition congolaise, et en particulier la coalition Lamuka, à laquelle le leader d’Ensemble pour le changement s’est rallié pour porter la candidature de Martin Fayulu à la présidentielle de décembre dernier.

L’ancien gouverneur du Katanga a accepté de répondre aux questions de Jeune Afrique dans le vol qui l’emmenait de Kindu à Lubumbashi, dimanche en fin d’après-midi. Visiblement heureux d’avoir fait le plein lors de cette tournée, et encore enthousiaste à l’idée d’avoir profité d’un bain de foule la veille dans l’un des fiefs du clan Kabila, Moïse Katumbi se veut sûr de son fait et de son positionnement, aussi bien vis-à-vis de Félix Tshisekedi ou de son prédécesseur, que de ses alliés de l’opposition, avec lesquels les divergences sont pourtant de plus en plus marquées.

Jeune Afrique : Lors de votre tournée dans les provinces de l’Est, vous avez tenu un discours très critique vis-à-vis de la politique actuelle du gouvernement, en particulier sur les questions de sécurité et d’éducation. Est-ce ainsi que vous tenez à mener ce que vous qualifiez d’« opposition exigeante » ?

Moïse Katumbi : Je n’ai pas été critique. L’insécurité règne dans notre pays depuis plus de vingt ans. Le nouveau régime a hérité cette situation, mais il est naturel que j’interpelle le nouveau gouvernement sur les souffrances de la population.

Il faut mettre des moyens pour motiver nos militaires qui sont au front. Il faut aussi investir dans ces provinces, qui sont sinistrées. Il n y a plus de route, pas d’électricité, pas d’eau. Il y a plus d’un million de déplacés internes.

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Je demande au gouvernement d’allouer au moins 100 millions de dollars pour faire face à ces problèmes. L’insécurité, en premier lieu, pour permette aux investisseurs de venir.

Sur la question de la gratuité de l’enseignement, j’ai demandé au gouvernement de veiller, avant tout, à payer les salaires des enseignants. Pour cela, il faut demander de l’argent aux partenaires – la Banque mondiale, le FMI et la BAD – pour venir nous aider.

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Vous avez pu mener cette tournée dans l’est sans entrave. N’est-ce pas là le signe d’un vrai changement dans le pays ?

Oui, et il faut s’en féliciter. Il fut un temps où personne ne pouvait aller dans ces régions sans qu’il y ait des problèmes, voire des morts. Mais là, Jean-Pierre Bemba, comme Martin Fayulu et moi-même avons effectué des tournées sans problème. Et c’est ce Congo là, dans lequel tout le monde est libre de se rendre où il le souhaite, que nous voulons.

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